Maïa Delcourt (avatar)

Maïa Delcourt

Abonné·e de Mediapart

12 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 juillet 2022

Maïa Delcourt (avatar)

Maïa Delcourt

Abonné·e de Mediapart

Contraception : une part du budget conséquente pour les femmes chypriotes

À Chypre, le coût de la vie ne cesse d’augmenter creusant les inégalités. La charge contraceptive pèse majoritairement sur les femmes, qui doivent en assumer seules les coûts.

Maïa Delcourt (avatar)

Maïa Delcourt

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La contraception, un produit de luxe

En moyenne, le salaire à Chypre est de 1244.86 €, soit une différence avec le salaire moyen en France de 45%. Le régime chypriote de protection sociale couvre les branches maladie- maternité, invalidité-vieillesse-survivants, accidents du travail et maladies professionnelles, chômage et prestations familiales. Les prestations de l'assurance maladie-maternité et les prestations familiales sont servies au titre de la résidence ; les autres prestations sont attribuées au titre de l’activité professionnelle. Aujourd’hui, la charge contraceptive demeure encore majoritairement assumée par les femmes. Pour les aider à avoir d’autres solutions que le dernier recours qu’est l’IVG, des alternatives existent. Comme la pilule du lendemain, mais elle aussi est couteuse ; 29,42 euros non remboursée par la sécurité sociale. La contraception la plus répandue est celle du préservatif. Il en existe un interne ou « préservatif féminin » qui est très peu commercialisé et le préservatif masculin beaucoup plus facile d’accès. Facile mais toujours pas gratuit.

Les prix sont très variables : de 20 à 55 centimes l’unité pour les préservatifs masculins, et autour de 3 € l’unité (8,70 € la boite de 3) pour le préservatif féminin. La contraception représente une part significative du budget des femmes chypriotes qui portent sur elles la majorité de la charge contraceptive. Comme vous allez le remarquer, toutes les options suivantes concernent la régulation du corps des femmes. La pilule contraceptive, dont le coût varie de moins de 2 € à 15 € par mois, selon le type. Les pilules dites de première et deuxième génération sont remboursées jusqu’à 65 % par la Sécurité Sociale. Il existe aussi le stérilet. Il en existe deux types : en cuivre ou hormonal, généralement efficace pendant 5 à 10 ans selon les modèles. Le prix est lui aussi très variable : de 30 € pour un stérilet en cuivre à 125 € environ pour les modèles hormonaux. Il est possible aussi de lui préférer l’implant qui s’insère sous la peau du bras pour une durée de 3 ans dont le coût se situe autour de 100 €. Moins connu, il existe le diaphragme ; réutilisable, il est mis en place avant chaque rapport sexuel et doit être associé à un gel spermicide (entre 7 et 20 €pour 6 doses, non remboursable) pour une efficacité maximale. Le diaphragme lui-même coûte entre 30 et 40 €. Le patch diffuse les hormones contraceptives directement à travers la peau. Il est à poser soi-même et à renouveler toutes les semaines, pour un coût d’environ 15 € par mois. Enfin, il y a l’anneau vaginal ; à placer pour une durée de trois semaines. Comme pour le patch, son coût se situe autour de 15 € par mois.

L’Union Européenne comme soutien

Emmanuel Macron a annoncé le 19 janvier que la présidence française du Conseil de l’Union européenne mettrai la priorité sur la « justice sociale ». Le président français veut inscrire le droit à l’avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Droit qui n’est pas encore gratuit pour tout le monde. Chypre est un des pays européen qui a une des législations les plus sévères concernant l’avortement. Jusqu’en 2018, les avortements étaient légaux seulement dans certaines circonstances. Deux médecins devaient certifier que la grossesse posait des risques pour la santé physique ou psychologique de la femme. Aujourd’hui, l’IVG est autorisé dans un délai de 12 semaines, sans justifier d’un risque pour la santé de la patiente. Le délai est prolongé à 19 semaines notamment dans des cas de viol ou d’inceste. Pourtant, de nombreux témoignages démontrent que ce droit reste difficile d’accès car de nombreux médecin refusent de le pratiquer. D’autres acceptent en échange d’une rémunération frauduleuse d’environ 600 euros. Des actions sont menées pour alerter le gouvernement sur la précarité des femmes chypriotes. Conférences, manifestations, grèves de la faim. Nombreuses sont les initiatives de l’ONG Kisa pour obtenir justice.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.