De la Crimée, de l'Ukraine, de la Russie, du lavage de cerveaux au sujet d'icelles...
19 MARS 2014 | PAR MAIAKOVSKAIA
En Crimée pour le référendum du 16 mars, j'y ai interviewé des politiciens, des chefs d'entreprises, des universitaires, des responsables d'associations culturelles, des anciens ministres de l'époque de l'URSS, des patrons de presse, des étudiants, des ouvriers, des paysans, des serveurs de restaurants, des employés d'hôtels, des chômeurs, des prostitués des deux sexes et autres... et leurs clients...
N'étant pas encline à me satisfaire du virtuel des réseaux sociaux, j'ai pris l'avion et me suis rendue sur place, via Moscou...
Tous les media, ou quasiment tous - en somme, ceux qui sont la propriété des marchands de canons... soit les media dits "libres" des pays dits "libres" ... déversent sur tout un chacun, dès le matin, un flux de propagande ininterrompu... Les journaux dits "gratuits" coûtent très cher, en somme, aux cerveaux qu'ils ont pour mission de laver... Les pauvres malheureux qui lisent les journaux "gratuits" payent cher leur désinformation, tout comme les pauvres malheureux qui par paresse intellectuelle, par misère, allument la télévision et s'en vont répétant ce qu'on a "dit à la télé"... Concernant l'Ukraine, les doses de lessive pour lavage de cerveaux ont été considérablement augmentées, si bien qu'il ne reste quasiment plus de diversité de couleurs après le lavage intensif, tout est uniformément formaté blanc-lavé-plus-blanc, tout est uniforme... Et logiquement, quand tout est "uniforme" l'on entend, ne serait-ce que par association d'idées et jeu de mot avec la polyvalence... les bruits de bottes, d'autant plus que les patrons des media sont, comme par hasard, les patrons des usines d'armement et la France l'un des premiers marchands d'armes au monde...
J'ai pris mes cliques et mes claques pour aller sur le terrain... Dès mon arrivée en Crimée, j'ai pu vérifier l'ampleur de la propagande habituelle des pays "abrités" sous le parapluie de l'OTAN!... Il faudrait demander à Snowden ce qu'il en pense... Lui qui risque la mort ou au moins la perpétuité, s'il met une jour le pied sur le territoire des Etats-Unis... Uniquement pour avoir donné des preuves de l'asservissement dans lequel les Etats-Unis et leurs valets maintiennent le monde dit libre ou qui aspire légitimement à être libre. Tout est perverti, d'une manière subtile, sophistiquée. Big Brother est arrivé à un état de dénégation de ses actions qui relève de la paranoïa mégalomaniaque à l'échelle planétaire. Bientôt, ou déjà, toute parole qui n'est pas dans le sens du poil de la brosse à reluire de Big Brother est balayée d'un revers de main... Qu'ai-je vu, de mes propres yeux vu? J'ai vu une population exaltée à l'idée de voter son rattachement à la Russie! J'ai enregistré, pendant des heures, en "radio trottoir", des personnes de toutes origines et de tous âges, surexcitées à l'idée de pouvoir enfin rejoindre la Russie! Ceux qui n'étaient pas nés en 1991, à la chute de l'URSS, disaient, comme tous les autres, qu'en 1991, il eût fallu reconsidérer la cession de la Crimée à l'Ukraine, réalisée, symboliquement, en 1954, par Khrouchëv, lui qui n'imaginait pas la chute de l'URSS... En 1954, lorsque la Crimée fut "offerte" à l'Ukraine, celle-ci faisant partie de l'URSS et les Russes et les Ukrainiens étant intimement liés, cela ne posait pas le moindre problème... Mais en 1991, ce fut une autre histoire... Avec l'arrivée d'oligarques rapaces, comme dans tous les pays situés sur le territoire de l'ancienne URSS, les peuples de tous les pays dits "indépendants" situés sur l'ancien territoire de l'URSS subirent des pertes considérables, tant matérielles que culturelles... L'espérance de vie a été réduite d'au moins vingt ans depuis la chute de l'URSS... L'infime minorité qui a pillé l'URSS avec l'aide des Etats-Unis et de l'Europe des banquiers s'est frotté les mains, espérant que la fédération de Russie serait très vite exangue et que les multinationales pourraient s'enrichir de manière exponentielle dans le plus grand pays du monde (géographiquement...) pays que le Führer, dans "Mein Kampf" estimait peuplé de sous-hommes ("Untermenschen")... Pays que tout le monde a toujours voulu conquérir, depuis les Tatars ("Le Joug Tatar a duré des siècles! Tous les Russes ont en mémoire "Tatarskoïé Igo" "Татарское Иго"... Alors, de grâce, que les ignorants de l'histoire russe n'évoquent pas sans cesse les Tatars, comme la tarte à la crème, "ils ne savent pas ce qu'ils font" (expression connue)... Les Tatars, donc, pendant des siècles, tinrent les Russes dans leur joug mais les Russes surent s'en libérer, avec beaucoup de courage, et plus tard la Russie fut le tombeau de Napoléon (Moscou en flammes) et d'Hitler (Stalingrad)...
Les Russes préférèrent brûler Moscou, leur capitale adorée, plutôt que de se soumettre à l'ennemi...
Que les pays de collabos s'en inspirent au lieu de calomnier les Russes...
Sans la résistance russe acharnée, sans l'héroïsme de ce peuple endurant qui battit les nazis envahisseurs à Stalingrad en février 1943, le fascisme allemand aurait asservi l'Europe pendant une longue durée, tous les historiens s'accordent sur ce point: Stalingrad marque le début de la fin pour Hitler et ses troupes... Il est nécessaire de le rappeler sans cesse aux cerveaux lavés et délavés, afin qu'ils aient une petite idée de la résistance russe, du concept même de résistance... Qui n'est pas un concept de salon...
Lorsque l'on parle, il faut savoir d'où l'on parle, de quel vécu, de quelle histoire...
"D'où parles-tu camarade?" : c'est la question que je poserai à présent à quiconque me parlera de politique, j'en ai assez des péroraisons...
Les Etats-Unis contemporains, leurs valets et leurs fantoches, sans relâche, manifestent leur obsession de "l'empire éclaté" (titre de l'ouvrage célèbre d'Hélène Carrère d'Encausse, historienne, secrétaire perpétuelle de l'Académie française)...
Un exemple parmi tant d'autres: le "héros" Khodorkovski, jadis devenu à une vitesse éclair, comme bien de ses potes escrocs, grâce au pillage et au dépeçage du pays, l'un des hommes les plus riches de Russie, avait pour intention de vendre son empire pétrolier à une entreprise étasunienne... Ayant écopé de huit ans de prison pour cela, il s'est fait passer pour un martyr, utilisant les moyens de la propagande atlantiste à son service, alors qu'aux Etats-Unis, des escrocs de son espèce, qui ne paient pas d'impôts, planquent leurs richesses dans des paradis fiscaux, et détournent des richesses nationales, sont passibles d'années de prison qui se chiffrent à plusieurs centaines d'années, les peines s'accumulant de manière assez comique dans le système étasunien... Il fait à présent de la propagande sur la place Maïdan, ce triste sire...
La conversation téléphonique (disponible sur Internet) interceptée entre le ministre des affaires étrangères estonien Urmas Pet et la commissaire aux affaires étrangères Catherine Ashton a prouvé que l'Europe sait qui sont les snipers assassins des manifestants pacifistes sur la place Maïdan, la place de l'indépendance au centre de Kiev. Ces snipers étaient allongés bien peinards sur les toits ou planqués derrière les fenêtres de l'immense hôtel "Ukraina", ancien hôtel "Rossia", qui trône sur la colline devant la place. Ils avaient pour mission de faire un bain de sang, pour choquer les opinions publiques internationales et balancer toute la culpabilité sur le gros Yanoukovitch, traditionnel "Chapochnik", autrement dit: "voleur-de-chapkas" (son surnom)... Les "Chapochniki" certes sont des voleurs, nul n'en disconvient... Mais les "voleurs-de-chapkas" ne jouent pas dans la cour des Grands... Ils ne sont pas à la hauteur des serviteurs de Big Brother... Ce sont des Ours mal léchés du Caucase, des Carpathes, de Transylvanie, de l'Oural... Bref des types grossiers à gros bras avec des "Ounitaz" ("chiottes") en or... La perversité des Atlantistes, en regard, est infiniment plus criminelle, car les snipers ont été armés par eux et c'est tellement tentant d'en accuser le "voleur de chapkas" sous prétexte que la population en a marre de ses chiottes en or...
OK. C'est une excellente raison de manifester. Evidemment. Mais les preuves s'accumulent du détournement de ces manifestations pacifiques, de leur instrumentalisation, par la CIA, par l'OTAN, par l'Europe des banquiers (je ne perds pas mon temps à employer les termes officiels euphémistiques et noyeurs de poissons, "l'Europe des banquiers" c'est plus clair...).
Les pustchistes de la place Maïdan sont des membres des organisations fascistes considérées comme terroristes, notamment "Secteur Droit" .
"Les chancelleries le savent" : le langage de chancelier est exquis...
Mais leur désir, leur besoin, leur avidité, leur intérêt, sont trop forts, de casser du Russe, de casser de la Russie, de casser de l'Ukraine pour faire de tout cela une zone soumise du marché...
"La main invisible du marché"... dit-on... cette "main invisible" est trop visible et elle est trop sanglante!
L'enquête réclamée à corps et à cris par les hypocrites, sur les snipers, est enterrée à présent... Et personne ne s'en étonne?
- Comme c'est bizarre...
- Vous avez-dit "bizarre"...
- Moi?... J'ai dit "bizarre", moi? Je n'ai pas dit "bizarre"...
- Je vous assure, mon cher cousin, que vous avez dit "bizarre"...
- Moi?... J'ai dit "bizarre"?... Comme c'est bizarre...
(je n'ai pas pu me retenir de citer ce beau dialogue entre Louis Jouvet et Michel Simon, dans "Drôle de drame")
Elle ne serait plus d'actualité, cette fameuse enquête sur les snipers assassins de la place Maïdan, depuis que l'on sait qu'ils ont été commandités par l'organisation fasciste, qui se proclame ouvertement fasciste: "Secteur Droit"?!
Les "démocraties" choisissent sciemment des fascistes pour effectuer leurs coups d'Etat!
Mais c'est dans la logique du capitalisme et l'Histoire a toujours montré que les démocraties ont de temps en temps besoin des fascistes pour renverser des régimes qui leur résistent.
L'empire des Etats-Unis ne pouvant plus se servir de l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale comme de paillassons politiques et de marchés d'esclaves, ils s'attaquent ailleurs, à des régimes qu'ils estiment assez faibles et assez pourris pour tomber tout mûrs, tout blets, dans leur escarcelle...
Les résistants d'Ukraine, les anciens partisans de la Grande Guerre Patriotique (terme utilisé en URSS et en Russie pour désigner la deuxième guerre mondiale) et leurs enfants, petits-enfants... ne sont pas dupes. Ils connaissent les fascistes de l'Ouest de l'Ukraine, les minorités galicienne, serfs de l'empire austro-hongrois et de la Pologne, à mentalités de collabos et d'esclaves, qui ont accueilli la Wehrmacht les bras ouverts et qui se sont engagés dans la SS pour assassiner leurs frères, sans état d'âme... Ce sont ceux-là qui ont torturé et tué des millions d'Ukrainiens résistants et de Russes, au corps à corps.
Cela ne s'oublie pas: l'Ukraine, la Biélorussie, la Russie, sont d'immenses charniers, sont les territoires de la SHOAH par balles... Pays martyrs...
Dans les régions ukrainiennes résistantes, pas seulement en Crimée mais dans le Donbass et ailleurs, les manifestations sont de plus en plus nombreuses chaque jour contre les putschistes fascistes du 22 février qui ont chaque jour de plus en plus de mal à se prétendre "démocrates", eu égard aux exploits des bandits armés jusqu'aux dents qui font la loi en prenant les populations en otage.
" Фашизм не пройдёт!"
"Le fascisme ne passera pas!"
Selon les milliers de manifestants qui ne cessent de hurler ces slogans, les putschistes du 22 février à Kiev sont des "Banderovtsy" (partisans de Roman Bandera, qui s'est engagé dans l'armée nazie et a combattu avec les nazis allemands contre son propre peuple...) Les pustchistes du 22 février s'inclinent devant les statues du nazi Bandera (car dans l'Ukraine de l'Ouest existent des statues de nazis, toujours fleuries...) Les nazis "banderovstsy" tatoués de svastika: belle image de démocratie... ça donne envie de les accueillir en Europe, n'est-ce pas, Madame Ashton?...
Je tire mon chapeau à l'hypocrisie des hauts responsables des belles démocraties...
A Donetsk, la capitale de la région du Donbass, des milliers de manifestants protestent devant le tribunal, parce qu'il a condamné de manière arbitraire le "gouverneur du peuple" Pavel Goubarev (30 ans) qu'un commando cagoulé est venu agresser nuitamment à son domicile et terrasser devant ses enfants et son épouse pour l'emmener, menotté, dans un panier à salade, devant un juge mafieux au service des putschistes du 22 février... Règlements de compte, justice expéditive, absence totale de respect des droits de l'homme: cela vous en touche une sans déplacer l'autre, n'est-ce pas, Madame Ashton?...
Qu'en est-il des "sanctions"? Les fameuses "sanctions" n'auront pas lieu, car les "sanctions" sont simplement un "piège à cons"...
Les media occidentaux qui osent parler de "sanctions" prennent vraiment les peuples pour des cons... Car la Russie, la Chine, l'Inde, le Brésil: les BRIC, les pays émergents qui ont émergé depuis si longtemps d'ailleurs qu'il est nécessaire de les appeler à présent "les pays émergés" se bidonnent lorsque les pays endettés tels que les Etats-Unis, tenus par les couilles, prétendent évoquer des "sanctions"...
Les puissances occidentales, liguées contre le peuple de Crimée qui a manifesté avec un enthousiasme extrême sa volonté de retrouver sa nationalité russe, n'exerceront aucune sanction...
Pourquoi? Parce que ce n'est pas leur intérêt... Et surtout parce que:
"le capitalisme vendra la corde avec laquelle nous le pendrons."
Car pour ceux qui ignorent tout de l'histoire et de la géographie et qui crient "nous sommes tous des ukrainiens": la Crimée est russe depuis Catherine la Grande... Depuis le XVIII ème siècle, les Russes sont en Crimée... Et plus loin dans le passé: Kiev est la première capitale de la Russie, qui s'appelait alors la "Russie kiévienne" : "Киевская Русь" ... Le baptême de la Russie, en 988, eut lieu à Kiev, sous Vladimir de Kiev, Saint Vladimir... La Laure des Grottes ("Pétchèrskaïa Lavra", "Печерская Лавра") est russe, comme sont russes les églises, les monuments historiques... Tous les grands écrivains nés en Ukraine ont écrit leurs oeuvres en russe. L'Ukraine compte en Nicolas Gogol l'un des écrivains russes les plus aimés, et dieu sait s'ils sont aimés, les écrivains russes, et cet écrivain, qui écrit un russe admirable, est né en Ukraine, qui se dit "Petite Russie" en vérité... "Ukraine" signifiant simplement "zone frontalière" en russe... Ce n'est pas un pays, une "zone frontalière" c'est simplement une zone frontalière... Alors que ceux qui se prétendent "ukrainiens" germanopratins commencent par étudier la question avant d'obstruer les petites lucarnes plus que de raison avec leur hystérique russophobie délirante... Nicolas Gogol... Pouchkine, Lermontov, Tolstoï, Dostoïevski, etc. ont chanté l'Ukraine, comme Isaac Babel et tant de poètes... Tout le monde, en Ukraine, parle russe...
Les putschistes du 22 février qui voulaient "imposer" l'ukrainien, ont été chopés en flagrant délit de ne pas savoir, eux-mêmes, s''exprimer correctement en ukrainien... Ils s'expriment infiniment mieux en russe...
La vérité peu à peu se fait jour...
Les nostalgiques de l'ivrogne Boris Eltsine qui avait dansé ivre sur les ruines de son pays avec les troupes étatsuniennes et les banquiers des multinationales, ces nostalgiques vont bientôt bouffer leur chapeau, car la Russie de 2014 ne ressemble pas à celle de 1991...
Ils ont tiré la mauvaise carte! Mauvaise pioche!
L'Histoire n'est pas finie, n'en déplaise à ceux qui avaient trop facilement répandu ce mythe... L'Histoire continue et elle s'écrit - et s'écrie - chaque jour. C'est l'histoire des luttes, des luttes de classes, c'est l'histoire des droits des peuples à l'auto-détermination.
Le 16 mars 2014 le peuple de Crimée a voté avec une écrasante majorité son rattachement à la Russie. Il a prouvé son attachement indéfectible, en même temps que son rattachement formel (qui ne fut qu'une formalité, tellement il était évident) à la Russie, sa patrie.
La Crimée était, est et sera russe.
Les Russes de Crimée ont rejoint leur Mère Patrie, ce n'est que justice. Après une si longue attente... En 1991, on ne leur avait pas demandé leur avis et ce fut une immense injustice, que de les balancer dans la nouvelle Ukraine de mafieux d'alors, comme on aurait jeté un sac de patates...
J'ai vu tant et tant, de personnes de tous âges, pleurer de joie! Hurler leur bonheur! J'ai vu tant de bonheur, qu'à mon retour, en dépit de la pluie de la propagande atlantiste habituelle, et des bourrasques de mensonges plus énormes que l'énorme nuage de pollution au-dessus de Paris, je chante...
Geneviève Dispot
Le 19 mars 2014