Lien vers l'article original : Quand l’Yonne Républicaine oublie ses origines résistantes.
Texte original
Fille de résistant et résistante elle-même, elle a épousé en 1946 Georges Lipietz, qu'elle avait rencontré au bief de la papeterie de Vesvres en 1943. Georges avait été arrêté en 1944 parce que juif. Au soir de sa vie, des cauchemars venaient le hanter, lorsqu'il se rappelait les enfants qu'il a vu partir vers les camps de la mort. Colette l'a alors soutenu du mieux qu'elle pouvait.
Il était donc tout naturel pour la famille Lipietz de faire mention de ces évènements familiaux traumatiques dans le faire part de décès de Colette ; en reprenant les mots du faire part de Georges Lipietz, rédigé par celui-ci longtemps avant sa mort ; et en rappelant le soutien de Colette.
Elle est partie rejoindre son cher Georges
(† 18 avril 2003), qu'elle a soutenu au soir de sa vie, alors que ressurgissaient les violences traumatiques :
« Miraculeusement rescapé des griffes des gangsters SS,
il n’a jamais oublié les centaines de petits enfants
qu'il a vu partir vers une mort atroce.
Il n’a jamais pardonné à leurs bourreaux nazis,
ni surtout à leurs ignobles complices de Vichy,
dont le zèle a permis l'accomplissement de tels forfaits.»
Par ailleurs, étant donné l'ancrage avallonnais de la famille et l'origine résistante de l'Yonne Républicaine, la famille a demandé la publication de l'avis de décès dans ce journal.
Or, voici que le journal refuse de publier les lignes sus-citées, au motif ci-dessous :
Vous noterez que certains éléments ont été retirés du texte afin de préserver la neutralité de celui-ci. Merci de votre compréhension.
La famille a répondu alors que les éléments en question étaient tout ce qu'il a de plus neutre, et que leur négation était du reste constitutive d'un crime répréhensible pénalement.
La réponse apportée par le journal fut encore plus odieuse :
Toutefois, au coeur de la page des avis d'obsèques, nous nous devons de faire paraître des textes les plus neutres possibles, sans aucun sous-entendu ou avec des termes accusateurs, même si, et je le conçois, le sujet abordé ici est tout à fait condamnable (sic).
Qui plus est, le journal a eu le culot de relancer quelques heures plus tard, afin de demander en urgence une validation de la version censurée du faire-part.
Fidèle à l'esprit de résistance de Colette Lipietz et à la mémoire de son époux Georges, la famille refuse bien évidemment, compte entamer une procédure juridique, et diffuse donc le faire part sur Valleeducousin.fr.
Commentaires supplémentaires
Cette affaire est bien un témoignage de la «Zemmourisation» (qui n'est qu'une forme supplémentaire de la «Lepenisation») des esprits. En effet, ce que le journal reproche au faire-part serait d'avoir des termes accusateurs ? Contre qui ? Contre les Nazis et le Régime de Vichy. Autrement dit : contre des gens que l'ensemble de la morale politique devrait condamner sans discuter, si hélas la banalisation du mal ne s'était pas répandu ces dernières années...