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Association de défense de l’Environnement et de l'Homme, des milieux naturels terrestres, aquatiques et marins de la Guyane.

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Billet de blog 22 octobre 2024

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Industrie minière, Quand la Guyane dit NON c’est NON !

A l'heure où débute la COP 16 en Colombie, l’Université de Guyane accueille sur deux jours un surprenant colloque de lobbying sur l’extraction minière. Nous tenons à informer que les enjeux et perspectives restent les mêmes qu'en 2016-2020, lorsque l'opposition à la mega-mine industrielle russo-canadienne « Montagne d'Or » animait les rues de toute la Guyane.

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COP 16 en Colombie Octobre 2024

Maiouri Nature Guyane et le collectif “Or de Question” tiennent à faire savoir que leur opposition aux projets de mines d'or industrielles reste entière et appelle les citoyens guyanais à rester vigilants sur ce qui s'organise en catimini sur son territoire avec la complicité d’hommes d’affaires, d’institutions locales et gouvernementales.

Rappel des faits à l’attention des organisateurs du Colloque "La Mine d'or en Guyane"

Si nos fonctionnaires et conférenciers de passage en Guyane ont la mémoire courte, les peuples de Guyane n’ont pas oublié que les promoteurs du feu projet “Montagne d’or” ont défendu sans scrupule ni réserve un soit disant développement économique durable qui impliquait:

- une consommation d’eau de 11 millions de litres par jour / 365 j / an

- 18 tonnes d’explosifs chimiques par jour

- 10 tonnes de cyanure par jour

- Une décharge définitive de 250 millions de tonnes de déchets miniers toxiques dont 12000 tonnes d’arsenic, 100 000 tonnes de cuivre, 33 000 tonnes de chrome, 11 tonnes de mercure naturel,

- Un barrage de 57 millions de tonnes de boues cyanurées retenue par une digue de 59 m de haut (haute Mana) qui aurait pu, à terme, être dévastateur comme celui sur le Rio Doce, au Brésil, dont le procès s’ouvre aujourd’hui à Londres.

- etc… voir l'infographie fruit de plusieurs années d’investigation

- au final, pour extraire 85 tonnes d’or au profit d’un oligarque russe, proche de Poutine selon la presse, soit un ratio de 0,25 g d’or par tonnes de roche extraite

- En 2018, nous annoncions qu’environ 360 000 ha de permis miniers avaient été accordés ou en cours d’instruction sur le département.

- Enfin, et surtout, depuis le rejet par les guyanais et par l’Etat de ce projet, jugé « incompatible » avec nos objectifs en matière de transition écologique, les actionnaires russes réclament indirectement aux contribuables près de 4 milliards d’euros devant un tribunal arbitral de Singapour !

Enjeux :

Nous avons la nécessité de protéger la forêt guyanaise à l'heure où celle-ci commence à montrer des signes graves de dépérissement en lien avec le changement climatique.

Tous nos efforts doivent aujourd'hui se tourner vers la préservation de notre forêt, vers des stratégies qui vont permettre sa régénération et qui permettront aux guyanais de pouvoir continuer à vivre décemment sur leurs terres.

La population guyanaise a besoin d'un développement durable où les filières d'activités développées permettent un fort effet d'entraînement sur l'économie locale. La mine n'en est pas une comme l'a prouvé le rapport Deloitte de Juin 2018, réalisé par un des plus grands cabinet d'analyses économiques mondiales.

La Guyane a besoin d'emplois pour sa jeunesse, dans un contexte de grands enjeux mondiaux, que ce soit en termes de climat ou de biodiversité.

Notre brochure « Emplois et biodiversité » inventoriant les 25 filières d’emplois d’avenir pour un développement local, durable et respectueux de l’environnement et de l’humain, est toujours d’actualité ; l’agriculture, les métiers du bois, la pêche soutenable, l’énergie renouvelable, l’écotourisme, la cosmétique et les laboratoires de recherches sont nettement plus pourvoyeurs d'emplois que la mine aux pratiques mortifères et désuètes.

Perspectives :

La seule perspective envisageable pour la mine, dans le respect des peuples de Guyane, demeure, à court terme, son maintien à un régime restreint voire son arrêt intégral.

En 2018, durant le Débat Public contre le projet écocide de la Montagne d'Or, mais aussi dans un sondage Ifop, plus de 70% des guyanais avaient signifié leur opposition ou inquiétude pour leur environnement.

Le profit d’une poignée d’industriels de la mine ne vaut rien face à la nécessité pour le peuple guyanais de pouvoir vivre dans un environnement vivable.

Maiouri Nature Guyane et le collectif “Or de Question” dénonçons donc avec force et détermination le retour des lobbyistes minier internationaux, de projets honteux et mortifères pour un département ultra marin, la Guyane, encore et toujours méprisée par les gouvernements successifs, qui n’ont de cesse de livrer notre sous-sol à la prédation d’industriels de l’extractivisme alors que nos richesses résident dans nos forêts et dans la créativité de notre jeunesse.

Nous dénonçons aussi le partenariat de certaines institutions parmi lesquelles :

- l’Université de Guyane, qui, par le passé, a déjà largement ouvert ses amphithéâtres à des intérêts de multinationales minières. Dès septembre 2016, un consortium russo-canadien a infiltré les structures guyanaises en vue d'obtenir une acceptation sociale. Par la suite, sous la pression de lobbyistes engagés, plusieurs programmes soutenant l'industrie minière ont été favorisés, dont une licence professionnelle. Ceci va à l'encontre du rôle fondamental d'une université, qui devrait proposer à ses étudiants des filières axées sur des innovations respectueuses de l'environnement et du climat, conformément à la transition écologique indispensable au bien-être et à la résilience du territoire.

- la CTG dont son Président actuel, Gabriel Serville, a lutté à nos côtés pour dénoncer la méga-industrie et l’usage du cyanure et qui s’engageait encore récemment à “travailler à la préservation et la restauration de la biodiversité, meilleure alliée dans la lutte contre le changement climatique”. Cela commence par ne pas détruire davantage d’espaces naturels pour le profit d’intérêts particuliers. Comment interpréter un tel revirement ?

- La Préfecture, dont de nombreux fonctionnaires (DRIRE, DEAL, DGTM) ont consacré des milliers d'heures ces dernières années à défendre farouchement des projets industriels miniers, en vain (Cambior, Iamgold, Colombus, Nordgold, Newmont...), et cela au détriment de secteurs prometteurs toujours en attente de structuration !
Quant à sa cellule Emopi (Etat-Major de lutte contre l'Orpaillage et Pêche Illégale), après plusieurs opérations militaires, elle en est rapidement venue à la conclusion qu'il était plus avantageux de soutenir l'installation de sociétés minières légales. Une stratégie pour le moins incohérente, d'autant plus critiquée que l'idée selon laquelle la présence de salariés civils pourrait freiner l'action des garimpeiros apparaît hasardeuse, voire risquée, là où des forces militaires formées et armées ont échoué, parfois au prix de leurs vies.
Récemment, Emopi s'est reconvertie en un véritable partenaire de la filière minière légale alors que les 196 états signataires (dont la France) confirmeront probablement, à l’issue de la COP 16, l’accord de réduction des subventions aux activités néfastes à la biodiversité (industries polluantes, mines, agro-industrie…).

Contact presse :
maiouri.nature@gmail.com

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