La vallée du Baztan se situe au Nord de la Navarre, de l’autre côté de la frontière espagnole. C’est un paradis rural : d'agréables collines, des champs verts, des vaches qui paissent en liberté, des rivières cristallines, des fermes en pierre de taille… Les lecteurs de la Trilogie du Baztan de Dolores Redondo savent que ces contrées sont protégées par le Basajaun, légendaire seigneur des bois.

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Cette vallée comprend 15 villages, le plus peuplé à 3 000 habitants, le plus petit en a 60. A Lekaroz, 340 habitants, la société Palacio de Arozteguia projette d’implanter un hôtel de luxe 4 étoiles depuis déjà 20 ans. 228 villas et un golf se sont ajoutés au vaste projet touristique. Le promoteur promet des emplois et un essor économique grâce à l’activité touristique apportée par ce projet.
Cependant, on sait que 36% des habitations de la vallée sont des logements vacants ou des résidences secondaires.Le tourisme ici comme ailleurs au Pays Basque, n’assure pas le développement économique et social. En effet,il est souvent source d’inégalité et d’injustice : emplois saisonniers, précaires, augmentation des loyers, augmentation des prix des services.
Le projet d’Aroztegia est un projet spéculatif : il s’agirait de créer l’équivalent d’un village de 500 habitants. Cela amènerait un déséquilibre culturel, une saturation des services publics ( transport, accès à l’eau, service de santé…) Il y aurait aussi des conséquences environnementales : disparition des meilleures terres agricoles, consommation de l’eau, utilisation de pesticides (entretien du golf), pollution visuelle, détérioration du paysage naturel.
Historique:
En 2003, apparaît le projet de construction d’un hôtel de luxe à Lekaroz. Dès 2009, le projet prend une toute autre allure passant d’un budget de 330 000 € à 9 millions : 40 ha de terres agricoles urbanisées pour un projet touristique de grande envergure : 253 villas, un golf, un hôtel. Les habitants du village se prononcent contre lors d’un référendum la même année.
En 2013, une première décision de justice déclare ce projet irrecevable. Les promoteurs doivent encore une fois faire des modifications.
En 2015, le Gouvernement de Navarre décide donc de déclarer ce projet privé d’Utilité Publique alors que 9 habitants de la vallée sur 10 se déclarent contre lors d’un référendum. Les élus locaux, la commune ainsi que la communauté de communes de la vallée du Baztan s’y opposent également. Mais, le Gouvernement de Navarre a retiré ses compétences à la mairie et à la communauté de communes du Baztan. En outre, des terres communales ainsi que celles d’agriculteurs ont été expropriées.
Enfin, en 2021, sans avoir toutes les autorisations nécessaires, des machines sont introduites en toute impunité et sans permis afin de lancer les travaux. Les habitants organisent un campement sur le terrain même du projet Aroztegi dans le but de manifester leur opposition. En s’asseyant devant les machines, ils empêchent la poursuite des travaux. Ce campement durera 13 jours.

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Aujourd’hui, 7 des nombreuses personnes qui ont participé à ce campement sont convoquées à un procès qui durera toute une semaine, au mois de mai, à Pampelune. Au total, 20 ans de prison et 56 000 euros d’amende sont requis pour “délits graves de violence et de coercition” et “d'appartenance à une organisation criminelle”.
Nous serons nombreux du Pays Basque nord à les soutenir lors de la manifestation organisée à Pampelune, en Navarre, le samedi 1er février.
Au Pays Basque nord, depuis 2021, le collectif Ostia défend lui aussi la terre nourricière et lutte contre l’artificialisation des terres et la spéculation foncière et immobilière. Pour la deuxième fois dans le cadre du projet immobilier de Marienia à Cambo les Bains, trois militants du collectif sont eux aussi convoqués au tribunal de Bayonne, le 11 février. Un rassemblement y aura lieu à 13h pour les soutenir.
Ici comme ailleurs, les défenseurs de la terre sont considérés comme des criminels qu’on jette en prison.
Ici comme ailleurs, des précédents juridiques se préparent à museler toute opposition à des projets privés.
Ici comme ailleurs, la désobéissance civile est criminalisée.