Activiste syrien de 28 ans, originaire de Douma en banlieue de Damas, Majd Aldik a fui la Syrie fin 2014. Réfugié politique, il publie sur son blog des billets cet été sur Mediapart, dans le cadre de l'opération OpenEurope.
Deux années, passées à chercher ce qui pourrait justifier que je m’accroche à la vie, m’ont amené là, aux portes d’une des plus grandes universités allemandes, une bourse d’étude en poche. Mais personne ne sait si la mort daignera épargner mon père, resté seul à Douma. Ou si les armes à feu viendront dévorer son corps, comme ils ont dévoré celui de mon oncle sur lequel un soldat de l’armée syrienne a, sans ciller, ouvert le feu. C’est sans hésiter non plus, qu’un autre de ces soldats a placé ma mère et mon petit frère devant son char d’assaut, afin de s’assurer un bouclier humain protégeant sa triste servitude contre la clameur des révoltés se levant face à lui.
Peut-être n’a-t-il pas senti, depuis l’intérieur de sa caserne militaire, l’odeur du cadavre privé de sépulture pour s’être décomposé dans les mains de celui qui tentait de l’enterrer… Peut-être n’a-t-il pas entendu les cris de ma mère, de mon frère, tenus en joue devant son char…Il est vrai que les canons étouffent dans de leur vacarme tout acte d’avilissement…Ces soldats servent une armée programmée, par tout ce que leur a inculqué al Assad, pour avancer, yeux fermés, toujours plus avant dans le viol des lieux et des êtres. Ils ont arrêté ma tante et ses trois fils. Le soldat qui a violé ma tante n’a pas vu que sa conscience d’humain s’effondrait au moment où son treillis militaire lui tombait sur les chevilles et qu’il précipitait avec lui dans sa perte morale, une femme de l’âge de sa propre mère, si ce n’est plus.
J’ai vendu la maison et j’ai fui. J’ai fui avec ma mère et mon frère, après que leurs corps aient servi à la défense d’un tank. J’ai laissé mon père à Douma…Nous nous sommes rendus en Libye, en ce lieu que d’autres fuient. De là, nous sommes partis sur une embarcation de la mort, d’une mort probable mais d’un autre genre que celle syrienne. D’une mort sans déflagration.
Dans cette petite embarcation portant quarante personnes, dont un passeur nous ayant pris tout ce que nous possédions, la mort nous a concédé une nouvelle partie. Une chance de pouvoir la battre une fois encore, cette fois-ci au beau milieu de la mer. Les eaux nous ont épargné leur colère et laissés avancer, lourds de nos mémoires en sang, vers un éloignement qui, peut-être, soignera nos blessures.
سنتين باحثا عن مبرر لبقائي على قيد الحياة أدخل من خلالها بتلك المنحة الدراسية من اوسع أبواب جامعات المانيا ... لكن لا احد يعرف ما إن كان الموت سيترك أبي وشانه بعد أن بقي وحيدا في دوما ... أم ان النيران ستلتهم جسده كما التهمت جسد خالي في لحظة لم يتردد عنصر من الجيش السوري باضرام النار في جسده .. دون أن يتردد عنصر آخر من وضع امي واخي الصغير أمام دبابته كدرع بشرية حالت بين عبوديته وصوت حناجر الثائرين في الضفة الاخرى
ربما لم يشتم من خان قسمه العسكري رائحة الجثة حارما جثته من أن تدفن كاملة .. بعد ان تفتت بين يدي من حاول دفنها ... و لم يسمع صوت أمي واخي امام الدبابة .. فضجيج المدفع كان اعلى واحط انسانيا .... جيش مثابر بكل ما علمهم الأسد على المضي قدما في اغتصاب الارض والعرض ليعتقلوا خالتي وأبناءها الثلاثة و ليغتصبوها دون ان يرى مغتصبها ضميره الساقط مع سرواله العسكري ليمعن في اسقاطه مع امراة بعمر من انجبته أو تزيد قليلا
بائعا بيتي هاربا مع امي واخي بعد ان انتهت مهمة اجسادهم بحماية تلك الدباية العسكرية تاركا ابي في دوما ... واصلين الى ليبيا مقبلين غير مدبرين .. لنركب قوارب الموت عسى موتنا يكون بلا شواء
بقارب صغير يحمل اربعين انسانا ومهرب أخذ منا كل ما نملك , ننازل الموت جولة اضافية لنتمكن من هزيمته مرة اخرى في عرض البحر بعد ان راف فينا ولم يغضب .. حاملين الدم في الذاكرة ... عل البعد يداوي الجراح