Activiste syrien de 28 ans, originaire de Douma en banlieue de Damas, Majd Aldik a fui la Syrie fin 2014. En attente du statut de réfugié politique, il publie une chronique cet été sur Mediapart dans le cadre de l'opération OpenEurope.
Al Assad dans le dos et le Hezbollah en vis-à-vis, voici l’étau concret, d’une clarté limpide, dans lequel se retrouvent pris les Syriens, éclatés dans tous les recoins du territoire libanais.
Abu Mohamed est l’un des milliers de Syriens réfugiés au Liban, qui évite de révéler son identité, par mesure de précaution, comme cela était de mise dans la Syrie d’al Assad. C’est un Liban en crise politique et économique qui, bien au-delà de ses capacités d’accueil, a ouvert ses portes à ces Syriens fuyant la mort, l’équivalent d’un tiers de la population libanaise. Le pays n’était pourtant pas en mesure d’assurer leur sécurité, en raison de son alliance avec le régime d’al Assad pour édifier le pont qui, passant au-dessus du bain de sang syrien, relie l’Iran au Liban. Cette alliance a bientôt pris la forme d’une épidémie xénophobe, s’illustrant dans les attaques et les rafles pratiquées par le Hezbollah contre les camps de réfugiés. Les hommes du Hezbollah semblent oublier que c’est précisément eux qu’ont fui ces mêmes Syriens. Eux qui n’ont pas hésité à s’embourber en Syrie et à attiser l’affrontement avec Daech, leur partenaire dans la Guerre Sainte, qui est l’objectif commun et que chacun sert à sa manière.
Ce mur militaire, qui ne renvoie d’autre écho que celui de l’effondrement national et moral, a forcé Abu Mohamed à partir en quête de son droit à la vie. Il attend le coup de fil qui lui permettra de persévérer. Ne décourageant jamais, il continue d’espérer ardemment l’appel de l’Agence des Réfugiés. Ou bien l’annonce, par l’ambassade d’un pays se réclamant des Droits de l’Homme, qu’ils pourront être accueillis quelque part, lui, sa femme et leur fille. Un obus d’al Assad a emporté les pieds de la petite, avec les rêves de Mohamed et les murs de sa maison, réduite à néant sous ses yeux, dans la ville de Rastan. Son rêve, se résumant désormais à son propre salut, est en train de s’évanouir peu à peu, à mesure que ferment les Missions de l’Agence et que s’épuise l’espoir de recevoir la convocation à un entretien qui lui rendrait une patrie. Chaque jour est pour lui la tentative d’un renouveau où demeure le souvenir des pieds de sa fille, enfouis dans la terre de son pays.
الأسد من ورائكم وحزب الله من امامكم , هذا خيار ملموس بات واضحا جليا على ما تقوله الحالة السورية المتشظية في كل شبر من المساحة التي تحكمها الدولة اللبنانية
ابو محمد احد آلاف السوريين اللاجئين الى لبنان , و الذي تحفظ على ذكر اسمه الكامل لأسباب أمنية تشبه تلك التحفظات التي كانت في سوريا عهد الأسد , يتفهم الحالة اللبنانية المأزومة سياسيا واقتصاديا و التي فتحت أبوابها فوق طاقتها لاستقبال ما يعادل ثلث سكانها من السوريين الهاربين من الموت , إلا انها لم تستطع تأمين الحماية لهم بعد تحالفها مع نظام الأسد على إكمال بناء ذلك الجسر الممتد من ايران الى لبنان فوق مستنقع الدم السوري والذي بدأ يتفجر على شكل جوائح عنصرية وصلت الى حد مداهمة قوات حزب الله لمخيمات اللاجئين السوريين واعتقال أبنائها , ناسيا أنهم هربوا من قواته التي لم تتوانى عن التوغل في سوريا ودفع المعركة مع شريكتهم داعش الى حرب مقدسة كل يريدها حسب طريقته
تلك جدارة عسكرية لا تعكس الا السقوط وطنيا واخلاقيا , تصل بأبو محمد الى البحث عن حقه بالحياة وانتظار رنة الهاتف الذي يسعى الى ابقاءه مشحونا دائما أملا بذلك الاتصال المشتهى من مفوضية اللاجئين واعلان استعداد أحد سفارات البلاد التي تنادي بحقوق الانسان لاستقباله هو وزوجته وابنته التي أفقدتها قذيفة الأسد قدمها في مدينة الرستن ومعها حلمه الذي تشظى مع حيطان بيته الذي رآه ينهار أمام عينيه , ليتحول حلمه الى ذاك الخلاص الفردي و الذي يتلاشي تدريجيا مع انتهاء دوام المفوضية وفقدانه الأمل لهذا اليوم بالاتصال الذي يدعوه الى مقابلة التوطين محاولا تجديده مع يوم جديد دون أن ينسى قدم ابنته التي دفنها في وطنه