Relayant les inquiétudes des salarié.es d'ArcelorMittal, nous avons alerté sur le risque de dégradation rapide de la situation des sites sidérurgiques détenus par l’entreprise en France.
Depuis quelques quelques mois, les signaux forts ne manquent pas : le refus de l’entreprise de mettre en œuvre les investissements à Dunkerque de 2 milliards d’euros - dont 850 millions d’euros de subventions publiques - pour moderniser les centres de service de Denain et Reims, le manque de maintenance des équipements dans les entreprises, les deux incendies successifs, la mobilisation des syndicats européens pour rendre publiques les menaces sur l’emploi dans le secteur…
Nous avons réagi à la présentation du plan d’action européen pour l’acier et les métaux, en mars dernier, au Parlement européen, en rappelant le danger encouru par le secteur et la nécessité d’agir vite.
Nous avons surtout pointé qu’il était crucial de s’inspirer de la décision prise par le Parlement britannique, le 12 avril dernier, de voter une loi en urgence autorisant le gouvernement à prendre le contrôle des Hauts Fourneaux de Scunthorpe, représentant 2 700 emplois. C’est l’urgence aujourd’hui.
L’annonce de la suppression de 600 postes, dans sept sites français d’ArcelorMittal, est-elle un signal suffisant pour que vous lanciez enfin des mesures rapides et ambitieuses pour sauver le secteur ? Cela concerne quatre sites, rien que dans les Hauts-de-France (Dunkerque, Desvres, Mardyck, Montataire), et trois autres dans des territoires qui ne sont pas davantage favorisés (Mouzon, Florange, Bassin-Indre). Ou faudra-t-il attendre l’annonce de la fermeture des sept sites pour enfin passer à l’action ? L’engagement de la Commission à “protéger les emplois de qualité dans l’industrie et les capacités industrielles européennes” ne doit pas rester un vœu pieux. Cela doit devenir la priorité.
Pour qui a connu, comme moi, la fermeture successive des usines du Nord, la méthode est toujours la même. Le démantèlement est progressif : l’absence d’investissement et les restructurations créent une forme d'irréversibilité. Quand les pouvoirs publics se réveillent, il ne peuvent que constater qu’il n’est plus possible de revenir en arrière, et qu’ils héritent d’une nouvelle friche à ciel ouvert.
Pour éviter cela, nous vous demandons :
- De stopper net les projets de licenciement. L'entreprise a généré un bénéfice net de 1,3 milliards d’euros en 2024 et bénéficié de centaines de millions d’euros de subventions publiques. Elle ne peut aujourd’hui licencier ses salarié.es.
- De préparer un projet de loi à passer en urgence ou en procédure accélérée pour reprendre le contrôle des sites ArcelorMittal en France.
- D’accélérer la mise en place du plan d’action européen pour disposer de ressources supplémentaires pour assurer la décarbonation et l’électrification des processus industriels et favoriser les achats d’acier vert produit dans l’UE.
Alors que la question de l’autonomie stratégique et de l'intérêt public est dans toutes les bouches et que l’Europe investit massivement dans le “réarmement”, comment expliquer aux citoyen.nes que nous restons dépendant des décisions opportunistes de multinationales et de leurs actionnaires dans un secteur aussi capital ? Car voir disparaître les Hauts-Fourneaux d'ArcelorMittal en France, cela signifie ne plus pouvoir produire notre acier. C’est faire revivre à notre pays les heures sombres des plans de restructuration en Lorraine, qui ont laissé des déserts de souffrance sociale.
Nous comptons sur votre action déterminée pour éviter ce scénario du pire et sommes à votre disposition pour y contribuer.
Majdouline Sbaï, eurodéputée française Verts/ALE