Depuis les mémorables « Blancos » de Manuel Valls qui s'offusquait, il y a très exactement huit ans – et ce, pensait-il, hors-caméra – du fait qu'il y aurait trop de Noirs et d'Arabes dans les rues de la commune dont il était le maire (« Belle image d'Évry !... Tu me mets quelques Blancs, quelques whites, quelques blancos... »), jusqu'aux Comoriens d'Emmanuel Macron d'il y a quelques jours – cette fois-ci devant la caméra de TMC et dans un cadre filmique très officiel, fixe, et carrément devant des dignitaires en uniforme (« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du [sic] Comorien [à Mayotte, ndlr], c’est différent... hihihi... »), il faut se rendre à l'évidence : le Front National a gagné.
J'attendais de voir combien parmi les anti-fascistes vacataires de l'entre-deux tours, si prompts à s'horrifier sur les réseaux sociaux devant les éructations lepénistes, réagiraient face aux ricanements racistes du golden boy national – comme ça, juste pour faire une petite statistique perso sur la cohérence dialectique des uns et des autres. Quasiment rien. À quelques exceptions près, pas le moindre signalement. Rien à voir, rien à dire. Tout baigne.
Du moment où son cadre de vie n'est pas assailli, du moment où ses propres catégories : sa construction identitaire, sa classe sociale, son milieu socio-professionnel, ses petits acquis sociétaux, ses projections culturelles, son affinité esthétique... ne sont pas directement menacées, l'anti-fasciste vacataire, souvent petit-bourgeois, souvent vaguement « de gauche », se rangera toujours, toujours, du côté du pouvoir en place en fermant royalement sa gueule une fois que le JT de 20 heures aura sifflé la fin de la récréation.