malek gouni (avatar)

malek gouni

psychiatre

Abonné·e de Mediapart

27 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 février 2011

malek gouni (avatar)

malek gouni

psychiatre

Abonné·e de Mediapart

Le prôblème de la perversion, pervers récidivistes

malek gouni (avatar)

malek gouni

psychiatre

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai été interpellé par la récente disparition de Leatitia et de tant d'autres, et j'ai décidé de témoigner à la mesure de mes faibles moyens pour aider à résoudre le prôblème des pervers récidivistes.Plusieurs articles seront consacrés à ce phénomène. J'ai longtemps pensé à cette question de la perversion qui est un véritable casse tête pour les psychiatres, les juges, les éducateurs, les autorités de tout bord,association d'aide aux victimes, et qui se termine souvent en drame. Vu l'extrème cruauté des scénarios et devant l'insoutenable, il faudrait inventer un nouveau terme pour nommer ce moment de la grande détresse vécue dans la plus grande solitude des victimes face à leurs bourreaux. Un nouveau terme qui pourrait secouer les consciences tel un séisme . Il faudrait la déclarer la perversion et la traiter comme une grande catastrophe nationale.On ne va pas avec le dos de la cuillère et sans déclarer une chasse aux sorcières - Il ne faut pas tomber dans les travers pervers - Cependant, il est urgent et il serait préférable de prendre le prôblème à bras le corps une fois pour toute et faire les états généraux de la perversion comme ça avait été fait pour le cancer ou pour les sujets âgés après la canicule de 2003. Pour reprendre le slogan de la pub : Le pervers n'est pas un guignol ! Ce n'est pas un guignol, mais il passe souvent inaperçu : parfois un jeune un peu marginal ou un peu bizarre,ou un peu bad boy sans trop de troubles du comportement visibles, parfois un père de famille gentil, courtois et bien rangé, parfois un vieux célibataire ou comme on la vu à la presse un groupe d'individus oisifs, hommes et femmes, des voisins un peu démunis qui avaient décidé de mettre les petits plats dans les grands : vous l'avez compris, ils s'échangeaient leurs bambins, ils les prêtaient une ou deux heures à des inconnus obscènes et féroces pour quelques euros... Prix du silence des agneaux. Je disais du pervers, quelqu'un sans histoire,il peut ressembler à monsieur tout le monde. La perversion a souvent été inclassable dans les manuels psychiatriques, ni fous, ni normosés. Le plus souvent traités de délinquants,effectivement,ils commettent des actes de délinquence graves et moins graves et de ce fait ils ne sont presque jamais traités de malades. Pas pris sérieusement en tant que malades - Nous nous comportons envers eux, comme une espèce de compacité jugeante très véhémente, sincère, mais politiquement correct, vociférer pour avoir la conscience tranquille et avoir l'impréssion du devoir accompli - Et ça retombe vite on oublie tous ces drames familiaux. Nous n'avons jamais sorti la grosse artillerie médicale, il faut une véritable révolution. l'acte du pervers continue à nous laisser sans voix, nous hinibe et nous paralyse,il jette l'horreur et l'effroi en pleine figure. Il était là, gentil garçon, ou gentil père de famille, parfois un bon job ou un job stable : fonctionnaire, banquier,cantonnier, et en un soir c'est la dérive totale, c'est le pire, c'est le drame et la catastrophe. Je me rappelle de cette phrase de lacan qui disait : du père au pire ! Un drame pour la victime et une grande catastophe pour sa famille et ses proches. Quel gachis ! le temps d'un soir ! ETle pervers lui même, cet individu au double visage sanglant et bovin est victime de sa propre perversion, victime de son propre acte abject, il voulait juste assouvir une pulsion, comme une envie de pisser...Une pulsion envahissante incontrolable, il devient glacial comme la mort, impitoyable, sourd et aveugle devant les appels de sa victime, les appels de la vie, et il va jusqu'au bout de son scénario pervers. Il est à la fois producteur, réalisateur, scénariste,acteur et souvent seul spectateur d'un film d'horreur dont il a décidé de l'issue et de la fin. Cette fin horrible et monstrueuse n'est pas toujours programmée dès le départ. L'appétit vient en mangeant ! Et il a tellement aimé le film qu'il retournera le voir une seconde fois, une troisième et une quatrième... Tant qu'il n'a pas été pris et selectionné pour le festival des tribunaux etla prison.Il récidive parce qu'il n'a fait de mal à personne et il n'est pas coupable. Etre coupable c'est ce couper d'une part de soi même dans notre rapport à l'autre. L'autre a pris une part de moi même, et la recherche et la quète de cette part que j'ai perdu s'appelle la culpabilité qui est la redondance, la reminiscence, la rumination. A partir de cet instant, j'aurais pitié de l'autre, je serai sensible à sa douleur et sa souffrance comme je le suis pour la mienne propre, puisque je suis moi-même victime, on m'a fait du mal, j'ai ressenti la douleur en tant que douleur et non pas comme une jouissance. Il semblerait que lui,le pervers, il ressent les choses différemment, il est comme sur une autre planète au moment du passage à l'acle, comme s'il avait un autre système métrique, là ou il y a de la douleur, il semble ressentir autre chose et nous n'avons aucun outil pour explorer ses entrailles et cet outil, il faut l'inventer !

Reprenons notre exploration de la terra perverse,et voyons comment elle est faite cette terra, quelles sont ses assises, de quel métal est fait le pervers, à quelle gare il s'arrête, à quelle rivière il s'abreuve et sur quel lit, il se repose. Toute description de la perversion suppose un regard différent, il faudrait qu'on lui demande qu'il nous prête ses lunettes,son moniteur, sa boite noire, on lui arracherait quasiment les yeux pour voir le fond de la rétine et voir de quelles yeux il regarde le monde. Comme dans la légende Anté-islamique de Zarka El Yamama, littéralement la femme aux yeux bleus d'El Yamama. Cette femme d'après la légende arabe, avait des yeux bleus perçants,lui permettant de voir de très loin l'arrivée de ses ennemis et pouvait anticipait tout mouvement de très très loin. Ses ennemis réussirent à l'attraper et après l'avoir tuée, ils lui arrachèrent les yeux pour explorer l'intérieur, sans jamais rien trouver et c'est demeuré un mystère à nos jours. Non! nous ne lui reservons pas un tel sort, puisque tout d'abord, nous allons nous arracher notre propre regard, puisque nous regardons le pervers comme un ennemis et non pas comme un phénomène de la nature humaine. Qui dit phénomène, celà suppose une énigme, une observation d'un ovni venu dailleurs, surlequel, nous ne détenons aucun savoir,une inconnue radicale, un X files. Le premier prôblème auquel nous sommes confronté, c'est le fait qu'il nous ressemble beaucoup,à prime abord,il ne semble pas à côté de la plaque comme l'est le psychotique. Il est bien accroché au plancher des vaches, bien dans ses godasses et n'attire aucunement le regard ou très rarement. Le second prôblème auquel nous sommes confronté, c'est notre propre appréhension, nous devons vaincre notre peur et notre fascination pour ces hauts faits historiques et ceci depuis Jaques l'eventreur, Bundy, Chikatilo, Rader, Schipman, Berkovitch, Guy Georges and co. Biensûr! Ces grandes vedettes du sadisme, qu'on appelle Sérial Killers, ils rentrent tous dans le cadre de la planète des pervers. Et le phénomène semble récent, les descriptions sont trés récentes depuis à peine deux siècle et le conte de Barbe Bleue du dix septième siècle demeure une aimable plaisanterie.

Mon écriture ne sera pas aussi méthodique que le travail macabre du pervers, cependant, je relèverai régulièrement des points, tel que le jeu de cache cache, la chasse au trésor à laquelle se livrent les pervers violeurs, assassins.Tous ceux qui sont cités dans la presse on remarquera qu'ils aiment s'amuser à brouiller les pistes ou par moment, ils se murent dans le silence,un silence de mort. Ils n'indiqueront rien, ou plus rien à propos du lieu ou ils ont lesté ou entérré le cadavre ou les morceaux épars de leur victime une fois découpée. Comme s'ils n'avaient aucun savoir, et ils montrent pattes blanches, comme s'ils n'avaient touché à rien. Leurs mains ne sont pas entachées de sang et il n' y a aucune culpabilité. Le pervers pratique la rétention de l'information, une course au trésor est engagée,nous sommes invités à la recherche d'un trésor morbide qui nous attend quelque part, souvent au fond d'un étang, au fond d'un puis ou enterré dans un terrain vague. Nous avons rendez-vous avec l'horreur, nous la recherchons partout, un corps mutilé, une boucherie soigneusement orchestrée, la pulsion dans son état primitif indifférenciée, comme une part maudite en attente d'être recueillie. C'est l'oeuvre d'Art du pervers (pardon de le dire). Il est l' artiste de l'horreur, je n'ose pas comparer, mais ça me rappelle, cet artiste peintre appelé Picasso qui passait son temps à découper les femmes à la serpe sur ses toiles. Mais lui, il se sentait souvent coupable, tel le christ, qu'il peignait, ou qui apparaissait dans ses montages. Non ! le pervers n'est pas coupable, il ne s'est pas coupé d'une part de lui même, ce qu'il a coupé ou découpé, il y a à peine vingt quatre heure, ne lui ressemble pas, c'est radical, c'est pour lui une étrangeté radicale. Comme si cette jolie jeune fille était un monstre ! On ne peut se jeter avec un tel déferlement de violence sur l'autre, que quand cet autre est vécu, ressenti comme quelque chose qui nous est radicalement différent, radicalement étranger.. Un monstre.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.