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Billet de blog 28 janvier 2011

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COMMENT TRAITER LE PROBLEME DES PERVERS RECIDIVISTES

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J'ai été interpellé par la récente disparition de Leatitia et de tant d'autres, et j'ai décidé de témoigner à la mesure de mes faibles moyens pour aider à résoudre le prôblème des pervers récidivistes.Plusieurs articles seront consacrés à ce phénomène. J'ai longtemps pensé à cette question de la perversion qui est un véritable casse tête pour les psychiatres, les juges, les éducateurs, les autorités de tout bord,association d'aide aux victimes, et qui se termine souvent en drame. Vu l'extrème cruauté des scénarios et devant l'insoutenable, il faudrait inventer un nouveau terme pour nommer ce moment de la grande détresse vécue dans la plus grande solitude des victimes face à leurs bourreaux. Un nouveau terme qui pourrait secouer les consciences tel un séisme . Il faudrait déclarer la guerre à la perversion et la traiter comme une grande catastrophe nationale.On ne va pas avec le dos de la cuillère et sans déclarer une chasse aux sorcières - Il ne faut pas tomber dans les travers pervers - Cependant, il est urgent et il faut prendre le prôblème à bras le corps une fois pour toute et faire les états généraux de la perversion comme ça avait été fait pour le cancer ou pour les sujets âgés après la canicule de 2003. Pour reprendre le slogan de la pub : Le pervers n'est pas un guignol ! Ce n'est pas un guignol, mais il passe souvent inaperçu : parfois un jeune un peu marginal ou un peu bizarre,ou un peu bad boy sans trop de troubles du comportement visibles, parfois un père de famille gentil, courtois et bien rangé, parfois un vieux célibataire ou comme on la vu à la presse un groupe d'individus oisifs, hommes et femmes, des voisins un peu démunis qui avaient décidé de mettre les petits plats dans les grands : vous l'avez compris, ils s'échangeaient leurs bambins, ils les prêtaient une ou deux heures à des inconnus obscènes et féroces pour quelques euros... Prix du silence des agneaux. Je disais du pervers, quelqu'un sans histoire, il peut ressembler à monsieur tout le monde. La perversion a souvent été inclassable dans les manuels psychiatriques, ni fous, ni normosés. Le plus souvent traités de délinquants,effectivement,ils commettent des actes de délinquence graves et moins graves et de ce fait ils ne sont presque jamais traités de malades. Pas pris sérieusement en tant que malades - Nous nous comportons envers eux, comme une espèce de compacité jugeante très véhémente, sincère, mais politiquement correct, vociférer pour avoir la conscience tranquille et avoir l'impréssion du devoir accompli - Et ça retombe vite on oublie tous ces drames familiaux. Nous n'avons jamais sorti la grosse artillerie médicale, il faut une véritable révolution. L'acte du pervers continue à nous laisser sans voix, nous hinibe et nous paralyse, il jette l'horreur et l'effroi en pleine figure. Il était là, gentil garçon, ou gentil père de famille, parfois un bon job ou un job stable : fonctionnaire, banquier,cantonnier, et en un soir c'est la dérive totale, c'est le pire, c'est le drame et la catastrophe. Je me rappelle de cette phrase de lacan qui disait : du père au pire ! Un drame pour la victime et une grande catastophe pour sa famille et ses proches. Quel gachis ! le temps d'un soir ! Et le pervers lui même, cet individu au double visage sanglant et bovin est victime de sa propre perversion, victime de son propre acte abject, il voulait juste assouvir une pulsion, comme une envie de pisser...Une pulsion envahissante incontrolable, il devient glacial comme la mort, impitoyable, sourd et aveugle devant les appels de sa victime, les appels de la vie, et il va jusqu'au bout de son scénario pervers. Il est à la fois producteur, réalisateur, scénariste,acteur et souvent seul spectateur d'un film d'horreur dont il a décidé de l'issue et de la fin. Cette fin horrible et monstrueuse n'est pas toujours programmée dès le départ. L'appétit vient en mangeant ! Et il a tellement aimé le film qu'il retournera le voir une seconde fois, une troisième et une quatrième... Tant qu'il n'a pas été pris et selectionné pour le festival des tribunaux et la prison.Il récidive parce qu'il n'a fait de mal à personne et il n'est pas coupable. Etre coupable c'est ce couper d'une part de soi même dans notre rapport à l'autre. L'autre a pris une part de moi même, et la recherche et la quète de cette part que j'ai perdu s'appelle la culpabilité qui est la redondance, la reminiscence, la rumination. A partir de cet instant, j'aurais pitié de l'autre, je serai sensible à sa douleur et à sa souffrance comme je le suis pour la mienne propre, puisque je suis moi-même victime, on m'a fait du mal, j'ai ressenti la douleur en tant que douleur et non pas comme une jouissance. Il semblerait que lui, le pervers, il ressent les choses différemment, il est comme sur une autre planète au moment du passage à l'acte, comme s'il avait un autre système métrique, là ou il y a de la douleur, il semble ressentir autre chose et nous n'avons aucun outil pour explorer ses entrailles et cet outil, il faut l'inventer ! A suivre

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