Le Canard enchaîné a publié, le 26 mars 2025, sur sa page « La mare aux canards », un article intitulé : « un grand rabbin pas très académique ». Il nous y apprend ceci : le 27 mars, l’Académie française devait voter afin d’élire un successeur à Jean-Denis Bredin, décédé en septembre 2021. Le père de dernier, l'industriel Claude Hirsch, était issu d’une famille de Juifs alsaciens. Jean-Denis Bredin, né en mai 1929, élève pendant l’Occupation au lycée Charlemagne sous le nom de son beau-père, avait en 1950 repris le nom de sa grand-mère maternelle, Sara Bredin. Reçu à l’agrégation de droit privé en 1957, il était devenu soixante ans plus tard doyen d’élection de l’Académie française.
Avocat et historien, il avait écrit en 1983 L’Affaire, ouvrage de référence sur l’affaire Dreyfus. Il y démontrait que cette affaire n'était, ni un dérapage, ni une erreur, mais un crime commis au nom de la France pour servir des intérêts tenus pour supérieurs. Il avait réalisé des essais biographiques consacrés à des personnages historiques et avait également, en 2002, dans son livre Un tribunal au garde-à-vous, fait le récit du procès intenté en mai 1941 à Pierre Mendès France par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand. Puis, en 2012, il narrait dans L’Infamie le procès de Riom de 1942 où le régime de Vichy poursuivait Léon Blum et Edouard Daladier.
Au vu de ces différents éléments, force est de relever que les Juifs de France ont parfois subi quelques vicissitudes. Après être survenues à l’aube du vingtième siècle, elles ont resurgi voilà quatre-vingts ans où la conduite de certaines autorités françaises ne fut guère exemplaire. Ainsi, par exemple, en décembre 1941, sur ordre de Berlin, 743 Juifs français, chefs d’entreprise, avocats, écrivains ou magistrats, furent arrêtés dans « la rafle des notables », détenus au camp de Compiègne puis, en mars 1942, déportés vers Auschwitz où ils furent assassinés. On croyait ces temps révolus. Quelle erreur !
De nos jours, en 2025, alors que l’Académie française s’apprêtait à élire un successeur à Jean-Denis Bredin, plusieurs membres de cette noble institution s’étaient montrés hostiles à l’arrivée sous la Coupole du grand rabbin de France Haïm Korsia. Devant les réticences à cette élection, son secrétaire perpétuel, Amin Maalouf, a décidé de différer le vote. L’un des opposants avait déclaré : « Le contexte mondial rendait cette élection inopportune ». Ces misérables pourraient ils indiquer le lien qui existerait entre l’entrée d’un Juif à l’Académie française et la guerre à Gaza ? Autre sujet de stupéfaction : il semble que certains de ces Immortels qui tiennent à jour le dictionnaire de notre langue ne sauraient pas faire la distinction entre citoyenneté et confession. Serait-ce là l’élite de notre nation ? Sont-ils conscients de ce qu’ils mettent ainsi leurs pas dans ceux des criminels qui déshonorèrent la France sous l’Occupation ? Honte à ces incapables indignes de leur rang !