En 2014, la Russie, soucieuse de préserver son accès aux mers chaudes, a annexé la Crimée. Des séparatistes russophones de l’Est et du Sud de l’Ukraine ont alors déclenché une guerre dans ces régions, en particulier dans le Donbass. Ceci m’amène à tenter de distinguer plusieurs termes aux contours flous mais utilisés parfois indifféremment : la nation, le peuple, le territoire, la région, la province, le pays, l’ethnie et même la race. Si à l’origine ce dernier mot indiquait un ensemble de caractéristiques génétiques, on l’a ensuite utilisé pour qualifier un groupe formé par des individus présentant des traits communs. À titre d’exemple, je cite un texte publié en 1922 dans la Revue mondiale à propos des Jeux olympiques : « n’oublions pas d’ailleurs que le sport a valu une véritable régénération à la race française ». On ne saurait comparer cet emploi à celui figurant dans l’expression « race bovine ».
Lors de sa dissolution en 1991, l’URSS était constituée de 15 Républiques. Tous leurs habitants étaient des citoyens soviétiques et chacun d’entre eux avaient une nationalité mentionnée sur sa carte d’identité et déterminée par sa nation d’appartenance. Le peuple russe comprenait 50% des Soviétiques. Le peuple ukrainien était fort de 15% de la population soviétique. Puis venaient les Ouzbeks, avec 5% et les 12 autres Républiques étaient toutes sensiblement moins peuplées. Cette reconnaissance de la nationalité visait à préserver la culture et la langue des peuples « non-russes ».
Par le nombre important de ses habitants, l’Ukraine est un cas particulier. La domination de l’ancien empire russe et plusieurs siècles de russification ont fait que, si la seule langue officielle est l'ukrainien, le russe est aussi beaucoup utilisé, notamment dans le sud et dans l'est du pays. Mais ce qualificatif de russophone traduit imparfaitement l’aptitude des Ukrainiens à parler le russe. Si la plupart le comprennent, nombreux aussi sont ceux qui sont incapables de le parler. C’est aussi une grave erreur que de confondre citoyenneté et langue. Les Suisses pratiquent quatre langues différentes, les Belges trois, les Canadiens deux sans oublier ce que parlent d’autres Européens ou les habitants de nombreux autres pays tel par exemple l’Inde.
Adolf Hitler, dirigeant légitime car arrivé au pouvoir après des élections, voulait créer un Reich regroupant les pays et territoires germanophones. Ainsi,
- Après un référendum organisé le 13 janvier 1935, la Sarre est incorporée à ce Reich.
- Le 12 mars 1938, la Wehrmacht entre en Autriche et, le mois suivant, un plébiscite organisé par les nazis recueille 99% de votes favorables à l'Anschluss.
- Après les accords de Munich du 30 septembre 1938, le territoire des Sudètes est rattaché au Reich.
- Dans le territoire de Memel, le 11 décembre 1938, la liste unique des partis pro-allemands recueille 87% des voix et, le 23 mars1939, la Lituanie signe la cession de Memel au Reich.
Par sa proclamation solennelle le 30 septembre 2022 de l’annexion de quatre régions ukrainiennes, Vladimir Poutine, consultant des peuples par des référendums truqués, se comporte comme un digne héritier des Nazis, ceux que précisément il prétend combattre en Ukraine. N’oublions toutefois pas que, les 29 et 30 septembre 1941, des Ukrainiens ont participé à l’exécution de plus de 33 000 Juifs dans le ravin de Babi Yar, près de Kiev. Rappelons également que Volodymyr Zélensky, élu en 2019 Président de cette même Ukraine et, revanche de l'Histoire, juif, mène la guerre contre l'envahisseur russe.