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Billet de blog 4 mai 2025

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Plaidoirie de Maître Paul Vergès, défenseur de Klaus Barbie

En 1987, à Lyon, un tribunal a jugé Klaus Barbie accusé d’un crime contre l’humanité commis quarante ans plus tôt en France. Voici le verbatim d’un extrait de la plaidoirie de son avocat, Maître Paul Vergès.

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La loi du 11 juillet 1985, souvent appelée "loi Badinter", du nom du garde des sceaux de l’époque, a permis de filmer le procès de Klaus Barbie. À partir de ce film, la télévision française a réalisé une série intitulée Crimes contre l’humanité. Elle est disponible sur France TV jusqu’au 13 août 2025. L’épisode consacré au procès de Klaus Barbie a été diffusé le 8 avril 2025 sur France 2.  L’avocat de Klaus Barbie, Maître Paul Vergès, avait soutenu que la France ne pouvait le juger étant donné qu’elle n’avait pas poursuivi les responsables de crimes perpétrés dans d’autres pays. Laissons-lui la parole.

« Étant donné que nous approuvons les tortures dans d’autres pays quand elles sont commises par nos amis, est-ce que nous avons le droit de prendre la position du commandeur et de regarder l’accusé qui est ici contre lequel il n’existe aucune preuve [pause] certaine mais beaucoup de témoignages [pause] contradictoires ? Dans le bureau d’un officier SS où, selon des témoins, on trouve des chiens, des femmes, des prostituées, je demande comment, avec des bureaux transformés en ménagerie et en boudoir pouvaient être si efficaces.

La torture [Vergès rajuste ses manches] est liée dans l’imaginaire même d’honnêtes gens à la sexualité.  Mesdames, messieurs, nous ne sommes plus des enfants, nous savons tous que la perversion est étrangère aux animaux et c’est pour les amener à avoir des rapports contre nature avec des êtres humains, à plus forte raison avec des femmes. Vous comprenez pourquoi un homme peut violer une chèvre, il ne lui demande pas son avis. Mais pour qu’un chien puisse violer une femme, il faut encore que la femme lui indique, au moins par une posture indécente … »

À cet instant, il est interrompu par l’exclamation d’une personne de l’assistance. Le Président rappelle le perturbateur à l’ordre.

Le journaliste Sorj Chalendon commente cet épisode ainsi : « À ce moment-là, il y avait deux barbares, l’avocat et son client. J’avais honte de porter la même robe que lui ».

Pierre Truche, procureur général, a conclu sa plaidoirie par ces mots : « Je demande, qu’à vie, Barbie soit reclus ». Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour 17 crimes contre l'humanité, Klaus Barbie été incarcéré à la prison Saint-Paul à Lyon et est décédé en 1991 à l'âge de 77 ans à l'hôpital Lyon Sud.

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