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Billet de blog 6 février 2025

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Un fourrier de l'extrême-droite

Réaction à la déclaration de François Bayrou sur le sentiment de submersion migratoire éprouvé par les Français.

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Notre Premier ministre vient de déclarer, urbi et orbi, que les Français éprouvaient un sentiment de submersion migratoire. Il se prouve de la sorte  capable de sentiment. Mais, prêt à cercler notre pays de barbelés et à le couvrir de centres de rétention,  il s’expose à devenir un réprouvé. Il pratique un  ministère de la parole. Dans cet exercice, le 18 décembre 2006, alors qu'il était encore ministre de l'Intérieur et candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy  s’était engagé ainsi : « Je veux que d'ici à deux ans, plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid ». Et, en juillet 2017, il avait été imité par Emmanuel Macron :  « La première bataille : loger tout le monde dignement. D'ici la fin de l'année, je ne veux plus, partout où sont créés des lieux d'hébergement d'urgence, des femmes et des hommes dans les rues ». La réussite de la reconstruction de Notre-Dame de Paris démontre que, quand il y a une volonté et que l’on ne ménage pas les dépenses, l’impensable peut être réalisé.

Les propos de François Bayrou sont-ils une maladresse ou bien résultent-ils d’un calcul politique ? Espérons qu’ils ne seraient pas l’expression d’une conviction intime. Quoi qu’il en soit, ils favorisent une montée de l’extrême-droite, qui n’avait nul besoin d’un tel appui. Notre pays, berceau des droits de l’homme, rejoint maintenant les grands humanistes que sont Méloni et Orban, s’écartant aussi de l’Allemagne, habituel parangon de nos dirigeants.

Livrons-nous à un bref rappel. L’Union de défense des commerçants et artisans, préfiguration des mouvements populistes contemporains, créée en 1953 par Pierre Poujade, avait obtenu 11,6 % des voix  aux législatives 1956. Jean-Louis Tixier-Vignancour, dans la même mouvance, avait dû se contenter de 5,2 % des suffrages à la présidentielle de 1965. Mesurons le chemin parcouru en soixante ans : la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de la présidentielle de 2002 avait suscité un sursaut républicain, accordant 82,2%  des voix à Jacques Chirac. Mais ensuite, l’extrême-droite a progressé, Marine Le Pen atteignant 39,9% des suffrages en 2017 et 41,5% en 2022. François Bayrou ne serait-il pas en train de lui fournir un marchepied vers le pouvoir à un horizon, positionné pour l'instant, en 2027 ?

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