Dans le JDD du 3 mai 2025, Laurent Wauquiez oppose le bon sens au « droit-de-l’hommisme ». D’où vient le néologisme en « isme » dont il affuble l’expression « droit de l’homme » ? On peut remarquer que celui qui veut installer un bagne à Saint-Pierre-et-Miquelon n’est assurément pas le plus qualifié pour définir ce qu’est le bon sens. Il propose également de donner « au Parlement, à la majorité qualifiée, la possibilité de passer au-dessus des jurisprudences du Conseil Constitutionnel ». Par « Parlement », désigne-t-il l’Assemblée nationale ou bien le Congrès réuni en vue d’une révision de notre Constitution ? Cet ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche poursuit ainsi : « Force doit rester à la loi française. Sans cela, les dérives contre notre état de droit continueront de nous bloquer ».
Rappelons tout d’abord brièvement le système institutionnel que Laurent Wauquiez désire modifier. Le Conseil Constitutionnel contrôle la conformité des lois avec la Constitution de la République. Celle-ci a été approuvée par le référendum du 28 septembre 1958. Elle a été ensuite amendée par plusieurs réformes constitutionnelles. La plus récente est celle du 21 juillet 2008, adoptée à la majorité des 3/5 par le Parlement réuni en Congrès à Versailles.
Qu’est-ce donc qui permet à ce titulaire d’un DEA de droit public de qualifier de dérives la prise en compte des jurisprudences du Conseil Constitutionnel ? Dans la même intervention, il déclare : « il faut changer notre système institutionnel pour redresser la France ». En quoi le changement de notre système institutionnel redresserait-il la France ?
Évoquons maintenant quelques actes du Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Le 23 juin 2022, il avait organisé au château de La Chaize un dîner pour 90 personnalités, parmi lesquelles plusieurs dirigeants d’entreprises. La Région avait alors déboursé plus de 100.000 euros. Le 30 décembre 2024, le Conseil d’État a enjoint le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à fournir la liste des invités au dîner du 23 juin 2022.
Par suite de son indifférence aux dépenses d’une République qu’il est censé servir, la Chambre régionale des comptes a constaté « un écart significatif » entre « le nombre apparent de collaborateurs de cabinet Wauquiez et leur nombre réel ».
Dans Le Point du 10 mai 2023, le Président de région s’insurgeait contre « les cours suprêmes qui ont plus de pouvoir aujourd’hui que des élus choisis par le peuple ». Rappelons la liste des cours suprêmes ainsi mises en cause : la Cour de cassation, le Conseil d’État, la Cour européenne des droits de l’homme, la Cour de justice de l’Union européenne et le Conseil Constitutionnel. Quelle prétention que d’estimer sa science juridique supérieure à celle de tant d’autorités !