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Billet de blog 8 septembre 2024

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Faikniouze

Nombreux sont les communicants qui emploient le terme "fake news" pour nommer ce qui, depuis plus d'un siècle, est appelé en français : bobard.

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Quand proscrira-t-on ce terme immonde de « fakenews » ? Il commence par l’adjectif anglais « fake » (faux), employé ici à juste titre, et se prolonge par une forgerie qui  nomme « nouvelles » un mensonge. Il ne se prononce pas comme il s’écrit, débutant par « fèque », comme dans « défèque », et s’achevant par le phonème /ju:/ entendu dans « you ». Pourquoi donc tant d’incultes patentés s’obstinent, par panurgisme et paresse, à saccager notre langue, un des piliers de cette exception française si souvent brandie ?

Il existe pourtant un mot français, bien que familier, traduisant exactement la nature de ce substantif : c’est « bobard ». Si l’on se reporte au Trésor de la Langue Française informatisé ou au Dictionnaire historique de Paul Rey, on trouve deux définitions :

  1. Un propos niais, une action sotte, un conte mensonger ou fantaisiste destiné à tromper un public généralement crédule, avec pour synonymes :  boniment, racontar.
  2. Un faux bruit, une fausse nouvelle ou une opinion erronée que l'on répand soit pour masquer la vérité et encourager à poursuivre une action, soit pour alarmer l'opinion et démoraliser des troupes au combat, le plus souvent en temps de guerre ou de trouble politique.

Le Robert indique aussi les substantifs  bateau, blague, boniment et fournit quelques exemples de l’emploi du mot bobard : lancer ou raconter des bobards, des bobards à la noix, les bobards de la radio, de la presse, croire tous les bobards. Qu’est-ce donc qui nous vaut cette substitution à « fausse nouvelle » ? Trop de journalistes, prétendant afficher leur connaissance de l’anglais, ne font ainsi que manifester leur ignorance. Et pourquoi ne retirerait-on pas leur carte de presse aux professionnels coupables de massacrer le français ?

Ajoutons quelques précisions étymologiques : bobard est probablement un dérivé  en « ard »  du radical onomatopéique bob,  exprimant le mouvement des lèvres, d'où la moue, la bêtise. On peut le rattacher à l'ancien français  boban « vanité » (XIIe s.), bober « tromper » (XIIIe s.), bobert « présomptueux, insolent, orgueilleux, sot » (XIIIe s.), bobeau « mensonge, tromperie », (XVIe s.), mots qui ont largement survécu dans les dialectes : « bobine, bobèche, bombance » ou, dans le parler suisse, bobet, « simple d’esprit, idiot ». Le Littré, quant à lui, nous cite « faire la bobe). 

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