On entend souvent un homme politique déclarer « je prendrai mes responsabilités ! » Et le premier des Français n’est pas le dernier à recourir à cette antienne :
- En 2018 déjà, sur RMC, il avait déclaré : « Je prends ma part de cette responsabilité ».
- Entre les deux tours des législatives de 2024, Emmanuel Macron estimait avoir « pris ses responsabilités » en appelant les Français à choisir.
- Le 13 mai 2025, sur TF1, interrogé sur des blocages politiques, Macron avait risqué : « on peut aller au référendum et je prendrai mes responsabilités ».
Que veut-il signifier de la sorte ? Et tout d’abord, à quoi rime ce futur ? Il n’a pas à prendre ses responsabilités : les ayant acceptées, il les a ! Voudrait-il maintenant s’y dérober, les fuir ? Quel est le sens d’une formule aussi creuse ? Ce ton résolu, cette voix ferme, nous le laissent imaginer le poing serré, la mine altière, affichant une détermination sans faille. Pourquoi donc ne nous indique-t-il pas plutôt ce qu’il a décidé de faire, quelles actions il a l’intention d’entreprendre ?
Cette déclaration évoque fâcheusement une affirmation assénée en d’autres temps, lors du drame du sang contaminé, par exemple : « responsable, mais pas coupable ! ». Être coupable, c’est avoir commis une faute et, de ce fait, se trouver exposé à quelque sanction. Dans la vraie vie, un commercial qui n’a pas atteint ses objectifs voit sa rémunération baisser. Mais les ministres démissionnaires de l’éphémère gouvernement Lecornu dont certains, nouvellement nommés, n’ont pas encore reçu leurs pouvoirs, vont peut-être disposer d’une voiture de fonction avec chauffeur et, lors de séances de travail, se voir servis des repas assurément frugaux.
Il est urgent de faire suivre à ces éminences un cycle de formation où on leur enseignerait le sens de mots tels que responsabilité et service.