Le 28 février 2025, au cours de la cinquantième cérémonie des Césars, le prix du meilleur acteur a été décerné à Karim Leklou. Suivant la tradition, comme chacun des lauréats, il a alors remercié l’académie des Césars. L’audience se voit d’ordinaire infliger une litanie dépourvue d’intérêt dans laquelle l’impétrant remercie le metteur en scène, le producteur, ses partenaires, son épouse, ses parents, et qui d'autre, tremblant à l’idée d’oublier certains de ses bienfaiteurs. Ce soir-là, Karim Leklou a prononcé un discours que j’ai trouvé des plus émouvants. Après s'être avancé lentement vers le micro, se balançant d’une démarche d’ours d’un pied sur l’autre, les yeux brillants, épanoui, il a prononcé un éloge de la gentillesse dont voici le verbatim.
Bonsoir,
C’est pas normal, c’qui se passe. Y a des gens dans ma tête qui font la fête.
Merci, Arnaud et Jean-Marie Larrieu. J’vous aime, merci beaucoup. Et merci à mes deux actrices, parce que j’ai eu la chance de jouer avec deux merveilleuses actrices, que sont Laetitia Dosch et Sarah Giraudeau.
J’ai pas réellement préparé de discours, excusez-moi donc. Du coup, les idées me viennent un peu …
En tout cas, voilà, je reviens sur vous, Messieurs Larrieu, je voulais vous remercier d’avoir fait cet éloge de la gentillesse. Je crois en fait que c’est une qualité qu’on ne met jamais assez en avant et qu’il y a des gens qui passent comme ça dans la vie. Moi, j’ai eu la chance de grandir avec beaucoup de gens comme ça, autour de moi, avec discrétion et gentillesse, et qui passent dans la vie comme ça, et je vous remercie infiniment de mettre ces gens en avant, et je leur dédie ce César, à tous les gentils, à tous les gars qui d’habitude doivent pas soulever un César, enfin voilà.
Je leur dédie cette chose là et parce que, comme ils sont deux, j’ai pt’être deux fois soixante secondes.[Explication de cette mention de « soixante secondes » : afin d'abréger les interventions trop longues, une musique retentit pour signaler au lauréat qu’il s’apprête à dépasser le temps qui lui est accordé]. Je vous remercie et, puisque je parle de valeurs d’amour, je remercie toute mon équipe de L’amour fou que j’aime d’amour.
Et voilà, je voulais répondre, parce que c’est pas trop professionnel, voilà, j’ai pas prévu de discours. En partant de chez moi, je suis tombé sur un p’tit mot, qui m’a touché et, à ma femme et à mon fils, j’ai envie de répondre : c’est moi qui vous aime fort, c’est moi qui suis fier de vous. Merci de m’accorder encore un peu d’vote temps, à mon père, à ma mère, à tous mes amis, je vous remercie, je suis, on dirait un rêve, je sais pas où je suis, mais, pfui, je dis n’importe quoi, mais je réitère, je voudrais, ah, i'ya la musique qui arrive, peut’pas, oh, j’en profite, j’voudrais aussi dédier ce César vraiment à tous les résilients, qui encaissent des vies pas faciles, et qui gardent eux, une douceur et une gentillesse importante.