Le Canard enchaîné du 13 juin a publié un entrefilet intitulé : « Dreyfus général ? Un train de sénateur ». En voici un extrait :
Le 4 juin, à la fin du Conseil des ministres, le secrétaire général de l’Élysée, Emmanuel Moulin, a lancé : « Dreyfus, on ne va pas au Sénat. On arrête là ! »
Décodons : « la proposition de loi adoptée, à l’unanimité, deux jours plus tôt par les députés ne sera pas inscrite à l’ordre du jour de la Haute Assemblée. L’idée était que cette PPL soit adoptée le 12 juillet, date anniversaire de la mort de Dreyfus, en 1935 ».
Faisons à nouveau appel au Canard : « Sous la pression des militaires, l’Élysée a préféré arrêter les frais. Car, ont plaidé quelques galonnés, si on faisait ça pour Dreyfus, il faudrait le faire pour tout le monde ».
Mon commentaire : Qui cache-t-on sous ce « tout le monde » ? Ces précautions de la Grande muette ne seraient-elles pas dues à la volonté d’éviter le rappel de la conduite criminelle de quelques officiers ? D’où, peut-être, une pression pour écarter une nouvelle réhabilitation du lieutenant-colonel Alfred Dreyfus quatre-vingt-dix ans après son décès.
Dans sa rubrique « Canard plus », le même Canard nous rapporte une interrogation du parisien.fr : « Albert Dreyfus bientôt panthéonisé ? ». Ce même site persiste : « Le chef de l’État réfléchit « depuis longtemps » à « un geste » concernant le capitaine Albert Dreyfus ». Il a vraisemblablement échappé à ce brillant journaliste qu’Alfred Dreyfus avait été élevé en septembre 1918 au grade de lieutenant-colonel. Et le Canard de conclure : Le Parisien a le bonjour d’Alfred (Dreyfus) !
Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que le colonel Henry, auteur des fausses pièces attribuées à Dreyfus, reconnu les faits. Emprisonné le 30 août 1898, on l’avait retrouvé le lendemain mort dans sa cellule, couvert de sang, la gorge ouverte, un rasoir à la main. Quant au véritable coupable de cette machination, Ferdinand Esterhazy, il est resté impuni.