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Billet de blog 15 avril 2025

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Mots ayant la lettre "e" comme désinence

Toute langue présente des homonymes. Il faut en être conscient et ne pas retenir un seul des sens d'un mot donné, tel par exemple le mot homme. La désinence « e » ne peut être tenue comme la marque du féminin.

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La lettre la plus fréquente dans un texte français est la lettre « e ». Dans ce billet, toutes les premières occurrences de termes de genre grammatical masculin terminés par la lettre « e » figurent en caractères gras.

L’abondance de mots de genre grammatical masculin terminés par la lettre « e » prouve qu’une désinence « e » ne saurait être tenue comme le signe, l’indice ou le type d’un mot du genre masculin.

Le nombre de mots que peut renfermer un esprit humain est inférieur au total de tous ceux contenus dans l’ensemble des dictionnaires, encyclopédies, lexiques et ouvrages divers existant sur notre planète. Mais il est, de surcroît, impuissant à représenter tous les objets, concepts, idées et créations conçues par l’esprit humain. L’homme en a donc été réduit à utiliser un même mot, une même suite de caractères, pour désigner des objets différents. La présence dans une langue d’homonymes résulte d’une nécessité.

Notre langue est riche en homonymes. On peut, à titre d’exemple, dresser une liste de quelques-unes des significations différentes du mot jour. Pour faciliter la lecture de ce billet, on présente cette liste en appendice. Les homonymes sont sources de confusion. Une d’entre elles se manifeste lorsque l’on néglige le fait que le mot homme a deux significations différentes : il indique parfois un membre de l’espèce humaine et, d’autres fois, un individu pourvu d’un sexe biologique mâle. Trop souvent, on oublie le premier de ces sens pour ne retenir que le second. Ainsi, lorsque le mot employé pour indiquer un être doté de vie est de genre grammatical masculin, on a tendance à en inférer que cet individu est doté d’un sexe mâle. Et cependant le mot homme, de genre grammatical masculin, a pour désinence la lettre « e », ce qui porterait à le considérer comme étant de genre féminin. Ceci démontre à l’évidence qu’il n’est guère possible de considérer la lettre « e » comme la marque du féminin.

Appendice 

Le titre du film de Marcel Carné, Le jour se lève, situe son action au moment de l’arrivée de la lumière du soleil. D’autres fois, jour désigne l’espace de temps qui s'écoule entre le lever du soleil et son coucher. Mais, dans la phrase « Nova donna le jour à un garçon » du roman de Pierre Boule, La planète des singes, on mentionne de la sorte une naissance. Tandis que, en broderie, le jour Venise est une ouverture décorative pratiquée dans une étoffe. Différemment, dans le vers « la maison lui semblait sans jour et sans fenêtre » de son poème Petit Paul, Victor Hugo parle de l’absence dans cette demeure d’une ouverture propre à laisser passer le jour. Plus tôt, dans son roman à thèse Le Dernier Jour d'un condamné, le mot jour évoquait en fait la mort d'un condamné. Michel de Jaeghere, lui aussi crépusculaire, narre dans son livre Les derniers jours - La fin de l'Empire romain d'Occident, le déclin de Rome. Quant au film Le jour le plus long, il présente les événements survenus après une date, celle du débarquement du 6 juin 1944. Et ce même mot jour orne le jour de gloire de notre hymne national, la Marseillaise. Il faut donc éviter d’oublier que nous employons sans cesse des homonymes, susceptibles d’engendrer des confusions regrettables.  

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