François Bayrou, agrégé de lettres, n’est pas très à l’aise avec les chiffres. Que penser de la copie qu’il a rendue le 14 février 2025 ? Il y écrit ceci : « Pourquoi cette situation de surendettement nous oblige-t-elle collectivement ? C’est parce que tous les courants dits de gouvernement y ont pris leur part ». Peut-être, mais pas tous la même part.
Dans son historique, dressé à partir de 1981, il déclare que, à la fin du second mandat de Mitterrand, en 1995, la dette s’élevait à 52%. C’est oublier que, en 1993, année où Edouard Balladur était Premier ministre, elle se situait à 45%, et ignorer qu'elle avait atteint environ 60% en 1997.
Bayrou poursuit alors sa démonstration : « Puis en 2000, gouvernement de Lionel Jospin, brutalement les courbes se cassent, et commence une descente que rien ne semble pouvoir arrêter ». Erreur ! La cassure est survenue en 1997 et a entraîné une troisième cohabitation, Lionel Jospin gouvernant de 1997 à 2002. Pourquoi cette discrétion sur les années 1993 à 1997 ? Jospin a maintenu la dette stable, l’établissant à 59% en 2002. Le second mandat de Chirac l’a portée en 2007 à 64%.
Nicolas Sarkozy fit ensuite pis. Au cours de sa présidence, la dette a progressé de 26 points jusqu’à 90% en 2012. C’est peut-être cet échec qui a permis à François Hollande d’accéder à la Présidence. Deux ans plus tard, le 26 août 2014, ce dernier nommait Emmanuel Macron ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique. Mais ce banquier n’a pu éviter un taux de dette de 97% en 2017. Serait-ce une conséquence de son abandon de poste en 2016, occupé qu’il pouvait être par la préparation de sa candidature à la présidentielle de 2017 ? Quoi qu’il en soit, cela n’a pas empêché les Français de placer à la tête de leur pays ce financier expert.
Pour mieux régler ces difficultés, Emmanuel Macron s’est adjoint le 21 juin 2017 un autre économiste de talent, faisant de François Le Maire son ministre de l'Économie et des Finances. Peine perdue ! En 2022, notre dette a atteint 112,9%. Espérons que ce pic restera bien un point culminant. Mais, comme on ne change pas une équipe qui perd, Emmanuel Macron a été réélu Président.
Pour ce qui est des parts respectives des différents courants de gouvernement, signalons ceci : en 2025, la Gauche avait gouverné de 1981 à 1986, de 1988 à 1993, de 1997 à 2002 et de 2012 à 2017, soit 20 ans, moins du tiers des 67 ans d’existence de la cinquième République.
Quelle impudence de lui attribuer la même part de responsabilité que d’autres dans l’état de la France en 2025 !