Devant la formidable disproportion entre les nombres des victimes des deux camps, nombreux sont ceux qui rappellent cette vérité incontestable, toutes les vies se valent. Quelles que soient les circonstances et les modalités, un assassiné est toujours une personne à laquelle la vie a été volée. Tout ce qu’elle a été, tous les espoirs, tous les rêves qu’elle portait, se trouve anéanti. Elle est arrachée à l’affection des siens, les plongeant dans le chagrin et le désespoir. L’humanité a perdu à jamais ce qu’elle aurait pu apporter au monde.
Qu’importe l’intention, seul compte le fait, la terrible réalité. On est aussi bien en peine de déterminer quelle peut être cette intention, on ne peut que la supposer. Lorsque les bombes israéliennes blessent, mutilent, tuent des civils innocents, on ne peut qualifier ces crimes d’accident, de pertes collatérales. On ignore tous les malheurs, les peines, les douleurs qu’elles provoquent.
En 2011, les Israéliens ont porté cette inégalité de valeur à son summum, en échangeant la liberté d’un seul de leurs soldats, le sergent Gilad Shalit, contre celles de mille vingt-sept Palestiniens détenus dans les geôles israéliennes. Mais on ne doit pas oublier que, en prenant des otages, les terroristes proclament eux-mêmes cette effroyable inégalité. Ils souscrivent à cette ignoble équation : la vie d’Israéliens est plus précieuse que celles de milliers de Palestiniens. Ils admettent et tentent de monnayer ce déséquilibre.