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Billet de blog 17 septembre 2024

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L'audace de certains plumitifs

Des journalistes ont forgé les mots narcomicide et narchomicide. Ils ont commis ainsi une lourde erreur.

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Des plumitifs audacieux ont forgé les termes narcomicide et, plus chic, narchomicide. On a lu par exemple dans Le Parisien du 15 septembre ce titre : « 17,  c'est le nombre de narchomicides depuis le début de l'année à Marseille ». 

Narchomicide n’est rien d’autre qu’un barbarisme. Homicide a été emprunté au latin homicida, désignant le meurtrier d’un être humain, mot qui dérive de homo (homme) associé à caedere (tuer).

On a pu contracter un suffixe icide avec des termes dérivés de enfant, femme, mère et père, pour former les vocables infanticide, féminicide, matricide, parricide ou insecticide. Les quatre premiers de ces mots nomment le meurtrier ou le crime commis par celui qui a tué son enfant ou supprimé sa femme, au sens étendu d’épouse, compagne, maîtresse, présente ou « ex », ou bien éliminé sa mère, ou encore occis son père. Le quatrième qualifie un produit destiné à détruire des insectes.

Il est par contre difficile de déterminer ce qui a conduit à créer le terme narchomicide. On peut supposer qu’il s’agit de narco,  abrégé de narcotique, associé au mot homicide. Un narcotique est une substance qui engourdit, assoupit ou endort, utilisée en particulier pendant une opération chirurgicale. On ne saurait appeler narcotique une drogue ou un stupéfiant. On ne rencontre guère un préfixe narco que dans l’appellation narcotrafiquant ou, aux États-Unis, le service du narcotics bureau. En fait, on désigne par ce vocable barbare de narchomicide un crime relié au trafic de drogue. Mais un narcotique est rarement meurtrier. Il convient donc d‘éviter une telle impropriété.

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