Les personnalités publiques sont promptes à revendiquer la protection de leur vie privée. Elles se leurrent ou s’efforcent de nous abuser : l’être humain est un. Vie professionnelle et vie privée sont étroitement imbriquées et ne peuvent être disjointes. De nombreux événements démontrent cette dépendance, comme lorsque :
un commercial se tue sur la route,
un professionnel s’absente de son foyer pour assister quelque client éloigné,
un ouvrier est victime d’un accident du travail,
un étudiant effectue un stage loin de sa famille,
une femme se débat pour concilier exigences professionnelles et contraintes familiales,
deux employés se rencontrent à leur bureau puis se marient,
un cadre fréquente aéroports et hôtels parfois de luxe aux frais de son entreprise,
un salarié suit une formation loin de chez lui,
un subordonné a besoin de l'accord d'un supérieur pour fixer ses congés, très précisément celui qui risque d'être refusé à nos policiers pendant la durée des Jeux olympiques ...
On pourrait multiplier les exemples à l’infini. Si ces différents exemples concernent la plupart d'entre nous, à partir d’un certain niveau de responsabilité, la vie privée s’efface.
Un ministre, comme tout citoyen, est libre de choisir pour ses enfants entre école publique et école privée, que celle-ci soit confessionnelle ou non. Un ancien conseiller de plusieurs ministres de gauche a pu déclarer : « J’ai connu un ministre qui scolarisait ses enfants à l’École alsacienne. La première chose qu’il nous a demandée avant de prendre son poste, c’était de les inscrire à Henri IV. Ça change tout pour l’opinion ! ». Décision fort sage. Sa position de ministre de la République lui imposait de les scolariser dans l'enseignement public dont il s’apprêtait à prendre la charge. Mais comment son rejeton a-t-il pu intégrer le prestigieux lycée Henry IV ? Si son domicile ne faisait pas partie du secteur de recrutement de cet établissement, par quelle grâce singulière a-t-il pu obtenir la dérogation indispensable ?
Les risques de confusion entre sphère publique et sphère privée sont multiples. Plusieurs États manifestent pour les séparer plus de rigueur que la France. Nous éviterons d’aborder ici ce thème. Relevons simplement que tel fripon dans sa vie privée peut être aussi indélicat dans le domaine public.