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Billet de blog 20 octobre 2022

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Honorer Samuel Paty froisserait des élèves

Le 16 octobre 2020, le professeur Samuel Paty a été décapité. Samuel Paty n’a insulté personne. Aucune insulte ne justifie un meurtre. Tous les collégiens qui vivent sur le sol de notre République, quelle que soit leur nationalité ou leur confession, doivent respecter nos martyrs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

20 octobre 20220

Le 16 octobre 2020, Samuel Paty a été décapité. À en croire certains, en honorant cet enseignant, on risquerait de froisser des élèves. Pauvres petits chats sans griffes ! En ces jours anniversaires, la commémoration de ce drame a été assez discrète et on a parfois noté des réticences. Beaucoup ont sans réserve honoré sa mémoire mais d’autres ont assorti leur adhésion d’un immonde « oui, mais ». Que peut donc bien signifier cette restriction ? Que rappelle-t-on par ces cérémonies ? Tout simplement un crime abject : un professeur de l’Éducation nationale sauvagement assassiné pour des propos qu’il aurait tenus en classe. Certains vont jusqu’à avancer des raisons pour cette horreur. On ne saurait parler de raison au sujet d’individus sinistres qui ignorent ce qu’est la raison. Samuel Paty n’a insulté personne. Depuis plus de 1300 ans, nul n’a vu les traits de Mahomet. Ce sont très précisément ceux qui les reconnaissent dans des croquis sommaires qui l’insultent. Et aucune insulte ne justifie un meurtre.

Quant au risque de froisser des élèves ! Tous les collégiens qui vivent sur le sol de notre République, quelle que soit leur nationalité ou leur confession, doivent respecter nos martyrs. Et il n’y a pas à craindre que nos chères têtes blondes soient épouvantées par l’évocation de tant de tortures. On a déjà conté à nombre d’entre eux les supplices, tous plus épouvantables les uns que les autres, que nos Saints ont endurés et je ne pense pas que beaucoup en aient été affectés.

Au sein de l’Éducation de nationale, il semble que le principe ait été de ne pas faire de vagues. Plusieurs établissements se sont opposés à porter le nom de ce martyr, enseignant de notre République mort pour la France. Jusqu’au collège du Bois-d’Aulne où enseignait Samuel Paty et où des hypocrites avaient déclaré : « C’est trop tôt, trop sensible » tout comme des pleutres affirmant : « il ne faudrait surtout pas installer une cible sur l’établissement ». Un professeur de mathématiques, opposé au changement de nom de son établissement, s’est exprimé ainsi : « il y a quelques mois, la rue où se situe le collège a été rebaptisée « rue du Colonel Arnaud Beltrame », cela fait beaucoup d’hommages [et] ça rend les choses tristes pour un établissement qui accueille des enfants ». Si l’on en croit toutes ces belles âmes, il convient de débaptiser les collèges portant le nom de résistants, tels par exemple Pierre Alviset, Jacques Decour ou Jean Moulin. Sinon, imaginez que quelque héritier de collabos en prenne ombrage : quelle exposition lourde de dangers ! Honte à ces lâches !

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