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Billet de blog 22 décembre 2025

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Le sanglant ciment du groupe Lafarge.

Les ciments Lafarge ont versé des millions d’euros à des groupes terroristes afin de poursuivre l’activité de leur usine de Jalabiya pendant la guerre civile syrienne.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 2011, une guerre civile éclate en Syrie après des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad. Ce conflit devient une guerre impliquant le régime, des groupes rebelles, des djihadistes comme Daech, et plusieurs pays étrangers. Il provoque des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés. En 2012, Barack Obama déclare que l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien constituerait une ligne rouge et entraînerait une intervention militaire internationale. Mais, après une attaque chimique en 2012 à Ghouta, Obama décide de ne pas intervenir militairement. 

Les juges du Parquet National Anti-Terroriste ont chiffré à 3,1 millions d’euros le montant des fonds versés par Lafarge à des groupes terroristes pour, à la différence d’autres usines étrangères, poursuivre l’activité d’une cimenterie située à Jalabiya, au Nord d’Alep. Celle-ci est restée opérationnelle jusqu’au 27 août 2014. Plusieurs dirigeants de Lafarge ont comparu devant le tribunal correctionnel de Paris du 4 au 19 décembre 2025 et le jugement final sera rendu le 13 avril 2026. Voici quelques éléments extraits de comptes-rendus des audiences de ce procès.

Un mail de juillet 2014 rédigé par Christian Herrault, directeur général adjoint de Lafarge, évoquait la relation de l’entreprise avec l’État islamique : « Il faut maintenir le principe que nous sommes prêts à partager le “gâteau”, encore faudrait-il qu’il y ait un “gâteau”.  Pour moi, le “gâteau” est tout ce qui est un “profit ». Il a été établi que les fonds promis avaient bien été versés. Pour sa défense, Bruno Lafont, président de Lafarge, a déclaré : « Le patron ne peut pas tout gérer, tout savoir », alors que Christian Herrault a assuré l’avoir informé des paiements. L’accusation a mis en avant, dans ses réquisitions, des procès-verbaux de comités de sûreté de Lafarge de septembre et octobre 2013 dont Bruno Lafont était le destinataire en mains propres et dans lesquels il était question d’accords passés par son entreprise avec des groupes terroristes en Syrie. Le Président Lafont a affirmé ne pas les avoir lus ou n’avoir lu, pour l’un de ces rapports accablants, que la page 6, mais pas les cinq premières, où l’on parlait justement des organisations terroristes !

Puisse cette part de gâteau empoisonner ces assassins cupides !

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