Thomas Alexandre Davy de La Pailleterie, fils aîné du marquis Alexandre Antoine Davy de la Pailleterie (1714-1786) était parti à Saint-Domingue. Il eut plusieurs enfants avec une femme noire qu’il affranchit. Avant son retour en France, il les vendit comme esclaves puis racheta l’un d’entre eux, né en 1762, prénommé comme lui Thomas Alexandre. Il le plaça dans une pension. Dans celle-ci, Thomas fit la connaissance du chevalier de Saint-George, comme lui noir et d’une belle prestance. Engagé dans l’armée en 1786, Thomas fut recruté en 1792 comme lieutenant-colonel dans le régiment de Noirs et de Métis nommé la Légion Saint-George et créée par ce même chevalier de Saint-George qu’il avait rencontré auparavant dans sa pension.
Ce dernier, né d'une mère esclave en Guadeloupe, fut escrimeur - tenu pour la plus fine lame de son temps -, musicien, violoniste virtuose et compositeur. Thomas Alexandre Dumas, emprisonné sous la Terreur, avait été sauvé par la chute de Robespierre et fut ensuite promu général de division, premier général d'origine afro-antillaise de l'armée française. Cette histoire paternelle fut peut-être à l’origine de la carrière de romancier de son fils Alexandre Dumas auquel un contradicteur dit un jour : « Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ? ». Dumas répondit : « Mais très certainement. Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe. Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit ». On rapporte également que, autre gracieuseté, Mademoiselle Mars s'était écrié après avoir reçu chez elle l'écrivain : « Il pue le nègre, ouvrez les fenêtres… ». Dans la même veine, dans les années 1850, nombre de caricaturistes détournèrent les cheveux crépus ébouriffés du romancier.