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Billet de blog 28 mars 2024

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Le bénéfice du chômage

Au cours de son intervention télévisée du 27 mars 2024, notre Premier ministre Gabriel Attal a évoqué le « bénéfice du chômage ». Connaîtrait-il le sens des deux mots aussi scandaleusement associés ?

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En 2012, à l’âge de 23 ans, Gabriel Attal est devenu membre du cabinet de la ministre de la Santé, Madame Marisol Touraine. Il est possible qu’il ait obtenu cet emploi après une candidature spontanée, au vu de son parcours scolaire ou grâce à quelque recommandation. Mais il est peu vraisemblable qu’il lui eut fallu parcourir les petites annonces de journaux à la recherche d’un job ou qu’il ait dû franchir avec succès les épreuves imposées par un cabinet de recrutement. On peut formuler les mêmes remarques à propos d’Emmanuel Macron. En 2004, à sa sortie de l’ENA, âgé de 26 ans, il a tenu un poste d’Inspecteur des Finances, avant de rejoindre dès l’année suivante la banque d’affaires Rothschild. Ces deux parcours mettent évidemment ces deux brillants sujets, actuellement à la tête de l’exécutif de notre pays, à même d’apprécier  la réalité des efforts déployés pas nos chômeurs pour trouver un emploi. Il est navrant de constater qu’ils cèdent à la glorification convenue du travail et surtout honteux de les entendre incriminer on ne sait quelle paresse des chômeurs. Leur incapacité à assurer le plein emploi devrait leur valoir d’être licenciés pour ne pas avoir atteint les objectifs attendus. Ils pourraient avoir ainsi l’occasion de démontrer eux aussi leur aptitude à obtenir un emploi.

C’est assurément un manque d’expérience de ce qu’est la vie de l’immense majorité de nos concitoyens qui conduit certaines élites à parler du « bénéfice du chômage ». Le chômage n’est pas un choix mais est le plus souvent subi et surtout source de souffrance. En fait, les chômeurs sont susceptibles de bénéficier, non du chômage, mais plus exactement de l’indemnisation du chômage et cette indemnisation n’est pas une libéralité du gouvernement mais le résultat d’un système d’assurance. Comme dans toute assurance, les personnes couvertes, en l’occurrence ici les entreprises et les salariés, s’acquittent d’une cotisation. Il peut arriver que le système ne soit plus à l’équilibre, tout comme ce que l’on observe aujourd'hui pour d’autres risques du fait d’événements climatiques inhabituels. Mais c’est uniquement dans le cas d’une insuffisance de la quantité de travail à fournir qu’il y a un impact sur les finances publiques. Il est donc indispensable de mener une politique développant le Produit Intérieur Brut. Dans l'attente de sa réussite, deux voies sont ouvertes pour revenir à l’équilibre : accroître les ressources ou réduire les prestations. On choisit de diminuer les indemnisations pour ne pas alourdir les taux de cotisation. On omet d'envisager une autre possibilité : augmenter les salaires afin de payer enfin le travail à son juste prix.

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