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Billet de blog 18 octobre 2019

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Michel Bampély, chercheur de hip hop

Après avoir mené une carrière artistique au sein de l'industrie musicale, l'enseignant-chercheur soutiendra l'an prochain à L'EHESS sous la direction de Jean-Louis Fabiani, une thèse consacrée à l'histoire sociale et politique du hip hop français.

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La sociologie de la culture dans ses nombreuses définitions peut se caractériser comme l’analyse des biens symboliques (œuvres d’art, productions intellectuelles ou médiatiques). Un article publié dans l'archive ouverte HAL-SHS (Sciences de l’Homme et de la Société) précise que cette discipline comprend l'étude de leur production, de leur diffusion, de la définition de leur valeur, de leur appropriation différenciée et de leurs usages sociaux qui peuvent révéler un point de vue spécifique à l’observation plus générale des rapports sociaux.

Je ne peux moi la française, fille d'immigrés, m'empêcher de me rappeler que ma famille provient de ces 32 pays africains, que l'Europe a soumis à des partenariats économiques qui ont ruiné un pan de leurs cultures millénaires. Jacques Chirac qui nous a quitté le 26 septembre dernier était un passionné de la culture, notamment de celle des autres. « L'engagement culturel est une passion, disait-il en 2002. Passion d'apprendre et de transmettre. Passion de donner et de découvrir. Passion de soi, de son histoire, de son patrimoine, de ses racines et passion de l'autre, que l'on rencontre dans sa beauté et sa vérité. ». J'écris toujours ma passion pour la culture, la banlieue et ses musiques urbaines.

Illustration 1
Michel Bampély, Urban Music Tour

Michel Bampély naît le 8 octobre 1974 à Kiev en Ukraine, sous l'impulsion des pays maghrébins et subsahariens qui désiraient rompre avec les tutelles coloniales de l’Occident, en  renforçant les relations diplomatiques avec l'Union Soviétique. Sa mère effectuait des études de médecine et son père un cursus d'ingénieur en aéronautique, tout comme ces dizaines de milliers d’étudiants et de militants de mouvements de libération africains qui partaient se former chez les Soviets. Les parents de Michel Bampély, ne terminèrent pas leurs études et décidèrent de s'installer en France à la fin des années 1970, en renonçant de ce fait à occuper, comme leurs camarades étudiants africains surdiplômés, des postes de responsabilités à la tête de leurs pays. 

En 1983, son grand frère Longo lui transmit la culture hip hop qu'il découvrit lors des premiers regroupements communautaires de la région parisienne où se réunissaient les premiers breakers français. L'émission de Sydney HIP HOP diffusée en 1984 sur TF1 fut l'un des grands marqueurs de l'adhésion de la jeunesse issue des quartiers populaires et de l'immigration postcoloniale à cette culture afro-américaine. Michel Bampély fréquenta les premières fêtes du mouvement Zulu au début des années 1990. Il forma son groupe de rap alternatif appelé La Troupe et publia en 2000 son premier album La Fête des fous chez Scorpio Music et Universal Music France. 

Illustration 2
La Troupe (Scorpio Music / Universal Music) - 2000

"Une palette musicale influencée par des artistes américains pionniers du genre comme 2 Live Crew, Luke Skywalker, Digital Underground ou Biz Markie. La Troupe, un groupe de rap engagé, déguisé, carnavalesque et virevoltant comme les Village People." confie Michel Bampély pour le journal Libération. La crise du disque qui frappa le secteur de l'industrie musicale dans les années 2000, poussa un certain nombre d'acteurs culturels à repenser leur vocation. En 2009, l'artiste décida de s'installer dans la ville du Mans et fonda son label associatif Urban Music Tour puis termina à deux reprises lauréat du tremplin slam Le Mans Cité Chanson sous le nom de scène Saint-Michel. Il mena en parallèle des activités d'ateliers d'écriture, de management et d'accompagnement de projets pour le compte du service jeunesse de la ville du Mans. En 2012, il produit son premier EP Les rillettes du Mans en hommage à sa ville d'adoption, avant de s'engager deux ans plus tard dans une carrière d'enseignant et de chercheur en sciences sociales.

Michel Bampély développe, selon moi, dans sa sociologie des cultures urbaines aussi bien un domaine de savoir qu'un courant artistique. Sa thèse en cours à l'EHESS sous la direction du sociologue Jean-Louis Fabiani traite de l'histoire sociale et politique du hip hop français de 1979 à 2019. Il revient sur les origines de cette culture globale, naissante dans les milieux communautaires et dansants afro-caribéens, sur l'arrivée des maghrébins au milieu des années 1980, sur sa multiculturalité, sa féminisation et enfin sa récupération par les organes de pouvoir industriels, médiatiques et politiques. « Ma recherche présente une analyse sur les mécanismes de pouvoir et de domination au sein de la culture hip hop et des cultures urbaines, les relations complexes, les jeux de dupe parfois qu’entretiennent d’abord les acteurs culturels entre eux, puis avec les organisations qui les encadrent » conclut le chercheur. 

Voici l'une de ses chroniques : 

Michel Bampély - Ca vient de ma rue © Michel Bampély

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