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Billet de blog 27 janvier 2012

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C'est beau, la télécratie.

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Hier soir, il y avait du pestacle à la télé ; comme seule la télé sait le faire.

J'ai regardé, fasciné.

D'abord, quant il y a un fauteuil de président bientôt vacant, il faut pouvoir s'assoir dedans... C'est ce qu'a commencé à démontrer François Hollande ; avec l'aide des journalistes de France 2 ; on appelle ça du cirage de pompes.

« Il faut que je devienne sérieux.» leçon n°1 : ne pas faire rire. Arrêter les blagues. Faire un régime, teindre ses cheveux ; c'est primordial.

Les origines contrôlées : père à droite, mère à gauche ; leçon n°2 : se présenter en rassembleur d'une France qui serait séparée en deux ; François Hollande, le futur creuset, le prince du melting pot ; ça s'appelle du recentrage ; c'est bizarre, il y en a qui pointent du doigt le fait qu'il y ait 1% de la population qui s'accapare une bonne partie des richesses, et parmi ces 1%, 0,001 % , quelques 500 personnes qui font la pluie et le beau temps dans ce pays, comme d'autres, ailleurs ; les détails ici:

http://www.slate.fr/story/48741/un-pour-cent-richesse-revenus-france-infographie

Le point G, c'est toujours difficile à trouver.

Et puis c'est normal, quant on pense depuis tout petit que l'on sera président de la Vème République, il ne faut pas mégoter avec les chiffres, la  fonction de président est élévatrice ; n'est-ce pas mon cher Watson ?

« Je ne cherche pas les conflits, je suis un homme de solutions.»

Remarquez, quand on a une compagne journaliste, les solutions, on les trouve, quand on travaille les questions.

Les journalistes, David Pujadas, Hélène Jouan, Fabien Nahmias, sont calmes et détendus ; les coups d'œil, complices ; tiens, ce n'est pas pareil qu'il y a 15 jours.

La dette, les intérêts de la dette, la croissance, s'en suit une petite bataille de chiffres, que se soit avec Langlet-BFM-Business et ses graphiques-hyper-pointus ou avec Juppé, on se dispute sur des différences minimes, 1% je vous dis, non 2 ! Des différences de programmes ?

Nous voilà rassurés. Et prévenus.François Hollande est ré-a-liste.

Le gentil Pujadas enchaîne ; l'industrie ? On décentralise : c'est pratique quand on a un réseau d'élus bien installés dans leurs fiefs depuis...ben depuis que la droite est au pouvoir, les élections locales sont pour le PS, à une majorité jamais égalée ; le contre-coup de la politique de l'UMP.

On envoie Montebourg jouer des réseaux pour trouver un repreneur à Lejaby ; voyez comme on est réactifs ; heureusement qu'il y a les réseaux...ça aide.

Petit coup d'œil   sympa  d'Hélène Jouan vers l'impétrant ; se pourrait-il qu'elle connaisse aussi Valérie ?

La finance est l'ennemie de beaucoup de monde ? s'en suit un petit film où le constat est général ; celui qui dirait le contraire passerait vraiment pour une cloche ; néanmoins, la réponse de Mélenchon est coupée net au montage ; pas de gros mots à la télé.

François Hollande cite alors Obama : envers la finance, le constat est implacable ! Le constat, pas les réponses ; il faut séparer l'activité des banques, mais on laisse travailler les marchés dans leur coin... dans leur coin ?

L'immigration ? Du cas par cas, ouf, on est quand même de gauche ; une immigration intelligente : rire gentiment satisfait des journalistes. Passons sur les réponses cochées, 2 verts, 1 rouge, non 1 blanc, bref !

«Le passé ne m'intéresse plus.» Bah oui, pour le PS, on ne parle plus de ce qui s'est passé avant 97, avant Jospin. 1983, la dérèglementation, tout ça, c'est du passé, oublié !

La page est tournée ! Un autre candidat unanimement consacré, à peine évoqué, éliminé en plein … comment dire... on ne dit rien, pour ne pas dire qu'on savait qu'on allait fourguer un compulsif sexuel à la tête de l'État, il y a des limites.

Gros plan de caméra sur le public, ah, une jolie (jeune ) fille, c'est important les jeunes ;

deuxième gros plan un peu plus tard ; une autre jolie( jeune ) fille, c'est pas la même couleur de cheveux ; puis une troisième ; mais pourquoi ils ne s'arrêtent pas sur la petite grosse avec des lunettes ? Elle a l'air jeune pourtant...

Puis vint le fantôme de Ségolène ; là, le candidat devenu très sérieux, et qui n'avait pas décoincé un sourire depuis le début, nous en décoche un, avec une voix douce, douce, un vrai sourire de gentil papa, de gentil ex, ti bonhomme. ,va...n'importe quelle ménagère aurait eu envie de lui faire un bisou...

Gouverner avec des alliés ? Oui, mais sur son programme, point barre, et uniquement. Les voilà prévenus.

Juppé était droit dans ses bottes ; pour un jeune qui ne connait rien à la politique, et qui s'apprêterait à voter ailleurs qu'au PS, le mec de droite c'est celui qui va vous parler travail, vous savez, cet instrument de torture... lui, il n'a jamais beaucoup rigolé dans sa vie, et ça se voit ;

« Le contrat de production, c'est pourquouâ,» demande-t-il, comme si il avait avalé un porte-manteau, on sent qu'il souffre ; Hollande s'en sort bien, il joue sur du velours, aidé par ses...connaissances.

Celui qui dit pourquouâ, a une position plus nette par rapport aux marchés, à l'Europe, aux Allemands : totale soumission ; normal, à droite, on est toujours du côté du plus fort !

Le MES, le Mécanisme Européen de Stabilité qu'on voudrait nous fourguer de force, prochainement, est évoqué, mais pas expliqué ; dommage, si on veut parler de l'Europe, et de la chancelante démocratie européenne.

« Je suis le seul, je suis le seul, je suis le seul » martèle Hollande ;

Mélenchon ? « Je ne forcerai personne, les alliés seront dans la majorité s'ils le souhaitent, mais sur mes propositions . » Là encore, nous voilà fixés, et il n'y aura pas d'audit citoyen de la dette avec lui, dommage, on aurait aimé savoir ce qu'on doit dans le détail, et à qui, si c'est légitime ou pas.

Il n'y aura pas non plus de constituante, le pouvoir, c'est pour lui, et pas au peuple ; forcément, c'est son fauteuil de Vème, il ne va pas le lâcher comme ça, après en avoir rêvé toute sa vie, lui aussi.

Vient ensuite et en dernier un petit coup de lèche cul aux quartiers, qu'il ne faut pas oublier, tout de même , quand on est de gauche ; gros plan sur une « personne de couleur », jeune et jolie.

«Nous sommes la France !» ah c'est beau ! Avec un si beau tapis déroulé, c'est les doigts dans le nez, ça sera lui, le candidat de la gauche, et personne d'autre ; ainsi en a décidé les médias « de gauche » ; l'armure est fendue, Hélène Jouan est en extase , l'émotion, palpable, l'auto-satisfaction, générale, les « hommes de l'ombre » ont bien fait leur bouleau, tout le monde est content ; sauf Juppé, mais lui, il a de bonnes raisons, im-pla-ca-bles.

Giesbert est content, aussi. Il parle de compétence, d'habileté.

On se dit que c'est fini, tout ce cirage. Et puis Fabien Nahmias surgit de la boîte tel un diable, il veut se venger du méchant Mélenchon qui l'a traumatisé la dernière fois, alors il jette l'histoire du petit journaliste agressé qui n'en serait pas un, mais qui en est un quand même, na !

Et tout le monde rigole à la fin.

C'est beau la télé, c'est beau la gouvernance par la télé, la fabrique de l'opinion, le reality-building ; c'est si simple et si facile, la télécratie !

Et là, si on n'a pas la télécommande sous la main, pour éteindre, on a à la suite une émission peoplo-tuturelle dont je ne sais pas le nom, désolé ;

et là, Philippe Sollers, soutien affiché, nous parle d'amour :

« Vous ne pouvez pas savoir à quel point les femmes s'ennuient...»

Ah bon ?

Il est rejoint par Bruno Gaccio-le Beau, le défenseur du vote blanc, mais blanc dans un premier temps, parce qu'après les avoir dragués, il faudra bien les amener à choisir, et à bien choisir, tout de même :

«Et elles s'emmerdent en baisant !» dit le bellâtre.

Bien.

Des fois qu'on aurait pas compris, qu'on doit tous à gauche se rassembler derrière Hollande, Sollers en rajoute une couche en imitant Eva Joly décanter de la poésie made in France, avec un accent … je vous laisse le soin de . C'est-y pas beau ?

Vous avez bien tout pigé ?

Alors ça sera Hollande, parce que les sondages, parce que la télé, parce que les médias « de gauche » en ont décidé comme cela, voilà.

Epicétou.

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