maluka

Abonné·e de Mediapart

4 Billets

0 Édition

Billet de blog 2 juin 2014

maluka

Abonné·e de Mediapart

SEITA, pourquoi nous en sommes arrivés là

maluka

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bonjour, je travaille à la Seita depuis 17 ans, je suis régleur sur un groupe à confectionner des cigarettes. J’ai assisté aux derniers évènements sur le site de Carquefou, et pour cause, je suis représentant d’un des syndicats présent sur le site. Je ne citerais pas ce syndicat, car là n’est pas le problème. Pourquoi cette tribune ? Parce que je suis effaré de voir une médiatisation qui se fait majoritairement dans le sens du patronat, au détriment du mouvement ouvrier. Il n’y a qu’à regarder les derniers reportages pour s’en convaincre. Lors de la journée du 28 mai et de la nuit qui a suivie, la plus part des journalistes ont parlé de séquestration. Alors soyons clair, ce mouvement est parti de la base pour des raisons précises. Premièrement, depuis l’annonce, les salariés n’ont reçu de la direction aucune information sur la suite des évènements. Pire, celle-ci a communiqué auprès de l’encadrement, en snobant maladroitement les ouvriers. Deuxièmement, la direction a mis en place des visites avec huissiers de justice pour faire constater que les salariés étaient bien sur machine, ou pas, qu’ils étaient œuvrant (pour reprendre les mots de notre direction) ou pas et que des cartons sortaient ou pas. Ceci moins d’un mois après l’annonce. Rappelons qu’actuellement, près de 100 personnes sont en arrêt de travail du fait de cette pression et de ce mal être au travail. Troisièmement, devant le manque de communication et la répression mise en place, les salariés de l’équipe de nuit ont décidés de dépalettiser 120 palettes de produits finis et de les stocker en tas au centre de l’atelier de fabrication. La direction ne voulant pas mettre à disposition des personnels une salle pour leur information, il a été construit un « QG » permettant à tout le monde de pouvoir se réunir en AG et de discuter de l’actualité. Quatrièmement, les syndicats ont demandés l’octroi d’une heure d’AG payée pour réunir les salariés. Heure refusée par la direction. Cinquièmement, Certains salariés sont comptabilisés en heures non rémunérées alors qu’ils sont au travail. Pourquoi ? Ces dernières années ont vu la direction mettre en œuvre divers projets visant à réduire le personnel au minimum. Les suppressions de poste ont été notre quotidien pendant près de 10 ans. Au final, dans une organisation normale, le travail est tendu par le temps pour le faire, mais aussi par les absences qui rendent difficile l’adaptation des salariés. Quand il manque une personne sur un poste qui devrait contenir trois, il n’y a rien à faire, il en manque un pour que ça fonctionne. Ces personnes rendues dépendantes des absences de leurs collègues ne pouvaient pas lancer les lignes à deux. Leurs supérieurs les ont sanctionnés en les comptants en absence non rémunérées. Alors, voilà pourquoi, nous ne pouvons faire un raccourci sur une revendication comme le paiement des heures de grèves, car c’est du fait de l’organisation mise en place que les salariés ont été mis dans cette situation. Toute cette mascarade nous a mené à ce que certains appellent une séquestration, mais au final, les personnels demandaient le paiement des heures indument comptés « en grève » et des réponses à leurs questions. Rappelons également, que notre direction, à chaque fois que l’intersyndicale a voulue négocier, a ajoutée de nouvelles conditions, ce qui a inévitablement amené les personnels là où nous en sommes aujourd’hui. Toutefois, je rappellerais, que les cadres n’ont à aucun moment été molestés, ils jouissaient d’une liberté de mouvements leur permettant d’aller fumer, prendre un café, aller aux toilettes sans restriction. S’ils l’avaient vraiment voulu, ils auraient pu partir sans qu’ils soient retenus. Une petite anecdote amusante : parmi les cadres retenus, une femme, celle-ci est en pleurs, les salariés lui demande si elle veut partir, elle regarde notre directeur, qui acquiesce, et nous dit oui. Elle fut aussitôt relâchée. Les gendarmes présents n’ont jamais vu une séquestration aussi « gentille », ils nous ont même dit avoir vu les soi-disant séquestrés se promener seuls, sans salariés pour les garder. Je finirais cette tribune par un point sur ces derniers jours. L’usine est aujourd’hui fermée pour tous, la direction refusant même aux représentants et élus syndicaux l’accès à leurs locaux, ce qui est interdit pas le code du travail, mais ils ne sont pas à ça prêt. Alors après ces quelques lignes, demandes légitimes ou voyous ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.