Avec le début de l'attaque de l'état islamique contre un grand centre de détention à Hasakah, nous, en tant que YPG International (internationalistes du monde entier) sommes impliqués sur le terrain et suivons les médias du monde entier. A l'heure où une délégation de l'organisation jihadiste talibane est reçue en Norvège pour des entretiens avec l'UE et est reprise au mot qualifiée par les médias de "démocratisation" nous sommes surpris par le portrait médiatique du Nord Est Syrien et des Forces Démocratiques Syriennes.
"Les FDS dominées par les Kurdes" France 24
"Les FDS dirigées par les Kurdes" Al Jazeera
"L'agression s'est produite dans un établissement contrôlé par les Kurdes" Le Monde
"Des combattants de l'état islamique ont tenté de s'évader d'une prison Kurde" BBC News
"La plupart des détenus Arabes ont été détenus sans inculpation ni procès, alimentant le ressentiment des membres tribaux qui accusent les Kurdes de discrimination raciale, accusation démentie par les forces dirigées par les Kurdes" NBC News.
De nombreux médias occidentaux ont couvert la situation et la tentative d'évasion de l'état islamique à Hasakah et tous semblent suivre un schéma similaire de désinformation et d'omission pointue. La similitude entre les erreurs commises dans ces articles et les mensonges délibérés diffusés par l'état islamique rend la situation d'autant plus inquiétante.
Ces articles ne tiennent pas compte du fait que la majorité de la population qui compose l'Auto Administration du Nord Est Syrien est elle même Arabe. Dans un explicatif publié par le Rojava Information Center publié en Mai 2020 il a été mentionné que les FDS sont composées à plus de 50% d'Arabes. De même, les Arabes participent à tout les niveaux de l'Auto Administration. Lorsque nous avons nous même rejoint la lutte contre cette tentative d'évasion nous avons parlé avec de nombreux combattants engagés dans l'opération. Sans surprise beaucoup d'entre eux sont Arabes. Ceci n'est pas étonnant puisque les Arabes ont subis les mêmes blessures que leur compatriotes Kurdes durant les années de la tyrannie de daesh. Ils sont donc tout aussi profondément motivés dans la protection de leur terre.
Ces rapports sont le plus beau cadeau que l'on puisse faire aux propagandistes de l'état islamique qui ont toujours tenté de raconter la fable de la division raciale entre les peuples qui, ensemble, ont subi les terribles conséquences de l'avancée de l'état islamique et les ont expulsé de leur foyer au prix de nombreux martyrs. Présenter les FDS comme des forces Kurdes n'est pas seulement une offense impardonnable fait à ces Arabes, Assyriens, et Arméniens qui ont donné et continuent à donner leur vie dans la lutte, c'est aussi un argument de propagande pour l'état islamique.
La prison d'Hasakah elle même, opérant sous l'embargo extrêmement sévère imposé au Nord Est Syrien, n'est pas à même de répondre aux normes de sécurité d'une prison moderne. Elle n'a pas été conçue pour cela mais simplement modernisée pour accueillir 5000 prisonniers de l'état islamique, une solution que les FDS ont décrite à plusieurs reprises à la coalition internationale comme inadaptée à long terme. Le rôle et la responsabilité ultime des forces internationales sont extrêmement pertinents car encore une fois, contrairement aux représentations médiatiques occidentales, la population de la prison est en fait composée de 2000 détenus étrangers des pays occidentaux. Pour nous, YPG International, le refus des nations occidentales d'assumer la responsabilité de leurs criminels qui ont causé tant de dommages n'est tout simplement pas acceptable.
De plus, nous pensons qu'il est plus qu'important de signaler ce que la presse occidentale refuse de mentionner. Pendant cette tentative d'évasion, les renforts envoyés à Hasakah ont été ciblés par des frappes de drones turcs. Dans le même temps, les principales victimes de l'état islamique, les Yasidis de Sinjar, ont été bombardés une fois de plus par la Turquie, membre de l'OTAN, lors d'une frappe aérienne le même jour.
Nous souhaitons que les agences de presse occidentales soient plus prudentes et responsables dans leur couverture des événements de la région. Présenter la réalité du terrain aiderait à surmonter les préjugés existants dans la région et aiderait à trouver une solution pour l'ensemble de la Syrie.