On ne crache pas sur un cadavre encore chaud. Par tradition, il faut un délai de décence pour s'apercevoir que le trépassé était quand même un sacré dictateur, volant aux riches pour donner aux pauvres, pour voler aux pauvres pour garder pour lui. On ne crache pas. Sauf Giscard qui a révélé ce matin que feu le président du Gabon, faute d'être celui des Gabonais, avait financé la campagne de Chirac en 1981. "Normalement on n'acceptait pas les versements de fonds provenant de pays étrangers qui soutenaient des candidats en France et j'ai appris que Bongo soutenait financièrement Jacques Chirac. Moi, j'étais président de la République à l'époque. J'ai appelé Bongo et je lui ai dit: vous êtes bien aimable mais vous soutenez la campagne de mon concurrent, alors il y a eu un temps mort que j'entends encore et il m'a dit : Ah vous le savez ? A partir de ce moment-là j'ai rompu mes relations avec lui". Il faut dire que Giscard lui-même s'y connait en matière françafricaine et autres diamants bokassesques.
Plus drôle encore: Charles Pasqua a fait mine de s'étonner: "Ceux qui ont des informations de ce type, je les invite à mettre les chiffres sur la table".
"Ces propos sont dénués de tout fondement. Ils ne relèvent que d'une médiocre polémique", a déclaré Chirac à la sortie d'une réunion du Conseil constitutionnel où il cotoie Giscard.
Eva Joly, qui fut juge d’instruction chargée de l’affaire Elf (avec un important volet gabonais) n'a pas plus le respect des morts, puisqu'elle rappelait que Bongo se conciliait la protection de la France en lui vendant le pétrole et l’uranium aussi peu cher que possible, contre les intérêts de ses administrés. "Ce système marchait encore récemment. Nicolas Sarkozy a d’ailleurs rendu visite le 17 mars dernier au Président Bongo, juste avant son élection pour demander des conseils. Si la France restituait les fonds indument payé par Bongo pour des services imaginaires à nos hommes politiques, on pourrait construire au Gabon des hôpitaux, des maternités et faire baisser le taux de mortalité infantile."