Moins facile de se faire respecter au Gabon qu'au salon de l'agriculture. Nicolas Sarkozy vient d'en faire l'expérience. Sorti des bâtiments de la présidence gabonaise, les maigres applaudissements réservés au président français ont été submergés par les huées de la foule. Selon le site du Figaro, la sécurité s'est tout de suite interposée pour préserver Nicolas Sarkozy de ce petit désagrément et le mener au salon VIP permettant aux invités d'attendre les obsèques.
La cérémonie était diffusée en direct et en intégralité à la télévision gabonaise, mais ces images-là, on ne les a pas vues.France 2 a évoqué la "censure" de la télévision gabonaise, TF1 a évacué la contestation en quelques secondes. Jean-Michel Apathie, sur Canal+, a été plus précis et diffusé des bouts de son, tout en expliquant que seuls les reporters radios ont pu saisir ces moments.
Sur Europe 1, il y a bien eu un reportage, où les paroles restent malheureusement incompréhensibles, ce qui permet au reporter d'atrribuer le "traquenard" à "quelques jeunes un peu éméchés", très remontés contre "l'annonce prématurée de la mort du président gabonais" (par Le Point). Explication déjà avancée par l'ambassadeur de France à Libreville, Jean-Didier Rossin: "Ce n'est pas la personne du président qu'on huait, c'est l'image qu'on a donnée de ce pays, la nouvelle du décès annoncée de façon prématurée, cela a été très mal ressenti", reprise par Nicolas Sarkozy qui a avancé que les critiques étaient"plutôt adressées aux médias": "Les gens sont assez remontés contre les médias français. Vous savez les dégâts qu’a fait l’annonce prématurée du décès et un certain nombre de commentaires". Reprise mais infirmée par le décryptage des bandes par l'AFP: "On ne veut plus de vous, partez, la France est ingrate. Bois, pétrole, manganèse, on vous a tout donné. La France, si elle est ce qu'elle est, c'est grâce au Gabon, on ne veut plus de tout ça".
C'est là qu'il faut se souvenir du discours de Dakar, de juillet 2007, quand Nicolas Sarkozy disait, à ces jeunes Africains, probablement "éméchés": "Je ne suis pas venu, jeunesse d’Afrique, te donner des leçons. Je ne suis pas venu te faire la morale. Mais je suis venu te dire que la part d’Europe qui est en toi est le fruit d’un grand péché d’orgueil de l’Occident mais qu’elle n’est pas indigne. Car elle est l’appel de la liberté, de l’émancipation et de la justice. Car elle est l’appel à la raison et à la conscience universelle. Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais il reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout est écrit d’avance. Jamais il ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. Le problème de l’Afrique est là."
 
                 
             
            