manuel sauvaire (avatar)

manuel sauvaire

restaurateur

Abonné·e de Mediapart

2 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 mai 2020

manuel sauvaire (avatar)

manuel sauvaire

restaurateur

Abonné·e de Mediapart

reflexion sur l'enquéte: masques, les preuves d'un mensonge d'état du 02 avril 2020

manuel sauvaire (avatar)

manuel sauvaire

restaurateur

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un seul Homme

Il serait surement intéressant de comprendre pourquoi le peuple Français à délaissé ses institutions pour finalement ne plus s’adresser et ne demander de compte qu’à une seule personne. Je n’ai pas la réponse, j’ai bien quelques idées mais elles ne sont en rien suffisantes pour expliquer un tel comportement. De plus, reprocher à celui qui ne fait que faire ce que nous attendons tous qu’il fasse, n’est pas très honnête. Nos institutions, nos gouvernants, notre système, sont le fruit d’un monde que nous bâtissons tous chaque jour, par nos volontés, nos actes, nos comportements, nos choix et non l’inverse. Ils nous ressemblent et sont à notre image. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain et de nombreux facteurs y ont contribués.

La réduction de la durée du mandat présidentiel a surement eu un impact en réduisant le temps de réflexion, de prise de décision et l’analyse des résultats de l’efficacité de ces décisions (nous payons aujourd’hui chèrement des décisions prisent il y a de nombreuses années). Il a donc fallu concentrer tout cela en réduisant le nombre d’intervenants et de décisionnaires pour pouvoir répondre à la demande d’immédiateté de notre société. Les réseaux sociaux ont certainement une grande part de responsabilité. Ils ont besoin de réponses simples, courtes et immédiates et de trouver un responsable, un coupable ou une vérité instantanée et facilement identifiable. Apres Mr Chirac les Français veulent un super-président. ils ne s’intéressent plus ou peu au parlement dont l’assemblée nationale, qui est élue au suffrage universel direct, a pourtant le pouvoir de renverser le gouvernement. L’interdiction du cumul des mandats pour des raisons morales, a éloigné encore un peu plus nos parlementaires de la population et du terrain. Nos élus locaux ne pouvant plus siéger au parlement, le fossé se creuse. Nous ne savons plus qui ils sont car nous ne les voyons plus agir sur le terrain. Dans un monde où le culte de l’image est poussé a son paroxysme, difficile de faire confiance à quelqu’un que l’on ne connait pas et que l’on à jamais vu.

Pourquoi entrez vous ainsi dans ce modèle ? Vous qui avez tant de respect pour la démocratie et nos institutions. Pourquoi vous adressez-vous à Mr Macron et non pas au premier ministre ou aux ministres qui devraient être les seuls responsables et décideurs ?

Nous sommes tous responsables de ne plus avoir qu’un seul homme face à nous. Pas que cela nous plaise à vous ou à moi, qui connaissons nos institutions. Nous sommes comme tout le monde des enfants de notre temps et par une sorte d’habitude, de facilité, de conditionnement, nous n’adressons toutes nos pensées, nos colères, nos réflexions qu’en direction d’un seul homme.

Le choix de l’économie :

Tout, absolument tout, et quasiment toute l’humanité ne repose plus que sur un seul modèle : l’économie capitaliste. En face de chaque choix qu’il nous sera demandé de faire, s’opposera toujours : quelles sont les conséquences économiques. L’économie capitaliste est le moteur de nos sociétés. Elle nourrie le monde. A quoi bon soigner un peuple qui meurt de faim ?!

Comment choisir entre une décision sanitaire qui parait évidente, pleine de bon sens, qui sauvera « peut être » 15 000 personnes mais qui par répercussions fera « peut être » des millions de victimes et qui fera vivre les peuples dans des conditions misérables, encore pire que celles actuelles, pendant de nombreuses années.

Avant toute prise de décision, il faut analyser le cadre de cette décision. Quelle sont les contraintes immuables et quels sont les leviers sur lesquels nous pouvons agir.

Le cadre immuable dans lequel nous vivons est une économie capitaliste, sous toutes ses formes, globalisée et dont les multinationales et les marchés financiers sont les acteurs et les arbitres intouchables.

Il semble pourtant évident que ce soit la source du mal qui nous ronge, mais c’est comme cela. Voilà plusieurs siècles que la majorité de l’humanité occidentale et maintenant orientale, approuve ce modèle. Donc il me semble que au mois de janvier c’était bien le cadre des décisions. La révolution qui nous propulserait dans un nouveau monde n’était pas pour les deux mois à venir. Et malheureusement, pas pour les années à venir j’en suis convaincu. Nous aurons peut être une révolution mais ce sera juste pour mettre d’autres personnes à la place et pas pour de nouvelles règles du jeu. Il ne nous reste finalement que tres peu de leviers sur les quels agir et encore un peu plus en France ou chaque décision est contestée violement. Et ils seront de toutes façon actionnés à nos dépends. Un peu plus au dépend des un ou des autres en fonction des choix fait, mais toujours au dépend de quelqu’un. J’insiste : quelque soit la décision prise elle le sera toujours au dépend de quelqu’un. Cela relativise grandement la notion de culpabilité dans une décision politique.

Le 16 janvier 2020 vous titrez dans Médiapart :

« prés de Blois, les gaziers durcissent la grève » « Au secours des grévistes, l’amorce des renforts » les renforts ne sont pour apaiser le débat et trouver une solution intelligente mais juste pour qu’il y ait encore un peu plus de monde dans la rue pour mettre le bazar (et je suis poli) et ainsi mettre la pression sur les gouvernements pour qu’ils cèdent à une revendication.

Quasiment pas un mot sur l’épidémie du Coronavirus. En tout cas pas un gros titre sur : « attention l’oms nous averti, nous courons au désastre ». Pas d’article sur le développement de l’épidémie et les scénarios qui se proposent à nous.

La France est en grève, dans la rue et personne ne pense au coronavirus. La France est dans la rue, pas pour changer le monde mais pour essayer d’obtenir une part du gâteau un peu plus grosse que ne veut bien leur laisser la finance et les multinationales. Et tout le monde se fiche de savoir si on prend cette part de gâteau à son voisin. La seule chose qui compte c’est : qu’est ce que je vais avoir, moi ?!

Vous affirmez que le gouvernement aurait dû le 15 janvier 2020 , annoncé aux Français dans la rue que nous n’avions pas de masque, de test et de tout le matériel nécessaire pour endiguer une épidémie de coronavirus dont personne ou presque ne parlait. Vous affirmez que le gouvernement en pleine révolte populaire aurait dû dire : « rentrez chez vous brave gens, nous ne sommes pas prêts pour affronter cette épidémie, nous allons débloqué 3 milliards d’euros pour reconstituer les stocks de masques, de matériel et réquisitionner des entreprises, car le coronavirus va « peut-être » nous menacer. Diriger c’est prévoir et que l’oms et d’autres grands scientifiques nous mettent en garde, donc nous appliquons le principe de précaution. »

Que n’auriez- vous titré alors le 16 janvier 2020.

Vous écrivez en décembre 2009 sur les vaccins commandés, après que l’on ait constaté que la fameuse épidémie de grippe H1N1 n’avait pas fait autant de mort que nous le pensions (mais quand même beaucoup plus de mort que le coronavirus), et j’étais alors, et je suis toujours d’accord avec cet article : «  cette campagne est un fiasco annoncé, et un gâchis formidable de l’argent public… ». Et même si vous dénonciez à l’époque d’autres disfonctionnements je ne vous ai jamais entendu faire l’apologie du principe de précaution poussé à son extrême.

Qu’auriez-vous titré alors ?

Qu’aurait dit la rue.

Etait-ce raisonnable et responsable d’annoncer ça ? Pensez- vous vraiment que cela aurait été bénéfique pour un traitement plus serein de cette crise. Je suis persuadé du contraire.

La vérité n’existe que dans le passé. Dans le présent nous faisons des choix qui conditionnent notre future et forgent les vérités de notre histoire.

La vérité est-elle toujours bonne à dire si elle fait plus de mort qu’un mensonge ?

La vérité est-elle toujours bonne à dire si elle est entendue par des gens qui n’ont pas les connaissances et les capacités de comprendre que leur vie ou celle d’autres personnes est mise en danger par cette vérité incomprise.

Quand on me parle de médicaments, de telle ou telle molécule, de tel ou tel protocole, je ne comprends pas ce que cela implique en profondeur. Je préfère donc que d’autres  (ayant les compétences nécessaires) prennent cette décision pour moi sans m’en informer directement. Et s’il faut qu’ils me mentent pour me sauver, même de moi-même….je veux qu’ils me mentent.

L’enquête parlementaire doit, elle seule, être entièrement informée de l’intégralité de la vérité, ainsi que tous ceux qui auront fait l’effort de s’investir dans le domaine concerné.

Les décisions prisent ne doivent pas être jeté en pâture aux réseaux sociaux et à la presse grand publique sans la pédagogie qui devrait l’accompagner pour pouvoir comprendre l’intégralité du contexte et des répercutions de cette décision. Cette décision, si on accorde aux différents gouvernements le crédit qu’ils n’ont pas souhaité le mort de qui que ce soit et nous nous accordons tous sur cela, a des conséquences bénéfiques dans certains domaines, sur certaines personnes et des répercutions  dans le temps. Mais elle a aussi des conséquences négatives dans d’autres domaines, sur d’autres gens et des répercutions dans le temps. Seuls ceux en possession de toutes ces informations peuvent avoir un regard objectif. C’est seulement une fois que l’on aura connu et répertorier l’ensemble de ces répercutions que nous pourrons tirer des leçons des vérités de l’histoire.

Aurait- il vraiment fallu informer le grand public le 15 janvier, alors que la rue est à feu et à sang, que les élus sont menacés physiquement, que personne ne fait de cette pandémie une priorité et vous non plus, que l’on investit 3 milliards d’euro pour notre santé.

Je suis désolé d’insister sur cette partie de la vérité, mais je pense qu’elle est le reflet d’une grande partie tout ce qui dysfonctionne dans notre société : le jugement a posteriori.

Cette décision aurait-elle été perçue comme sage ou aurait-elle mit encore un peu plus le feu à la rue et plongé encore un peu plus le pays dans le KO. Aurait-elle alors mieux préparé le pays à affronter la pandémie. Certes ils ont mentis, c’est un fait, mais gardons nous de juger des conséquences de ce mensonge car nous ne saurons jamais ce qu’il se serait passé s’ils avaient dit la vérité. Nous avons un avis, parfois une conviction mais certainement pas une certitude et encore moins une vérité. Il faudrait être capable d’analyser sans juger, pour comprendre et tirer des leçons de nos erreurs passées. Mais pour cela il faut de la sérénité, les compétences, l’objectivité et la volonté de le faire. Si nous étions capable de la froideur nécessaire à cette exercice, alors peut-être pourrions-nous faire en sorte que l’histoire ne se reproduise pas.

Tout est réel dans votre enquête mais tout n’est pas vrai. Ce mensonge n’a-t-il pas été plus bénéfique que la réalité ? Sommes-nous vraiment prêt à entendre toutes les vérités. Nos propos ont des conséquences à tous les niveaux. Tout ce que nous disons et écrivons, influence, interroge, arrange, en tout cas sera utilisés par l’intelligence collective avec des intentions parfois opposées a l’intention de départ. La vérité ne doit être connue que par ceux qui la comprennent, pour qu’elles soient utiles, sinon ce ne sont que des morales. Et c’est mon seul bémol sur votre travail, brillant comme toujours, c’est la morale. La recherche de la vérité qui s’imposerait forcément comme le « bien ». Une information mal comprise est plus proche d’une désinformation que d’une information.

Toutes ces vérités, toutes réelles mais incomprises, ne conduisent-elles pas à la fragilisation de nos institutions et finalement ne fait-elle pas encore plus de mal aux plus faibles en otant tout pouvoir de décisions à nos dirigeants.

Je trouve dommage que la vérité sur les costumes de Fillon ait occultée la dangerosité du programme de Monsieur Fillon. Je trouve dommage que la vérité des comptes de campagne de Mélanchon occulte les discours vat en guerre de celui-ci.  De plus toutes les vérités sont elles proportionnellement égales ? Un petit mensonge occulterait il une vie entière de service ? Il y a toujours plusieurs vérités et plusieurs mensonges en nous. Le plus important n’est il pas que l’équilibre entre les deux soit bénéfique pour la société ? Pensez-vous qu’il existe des gens totalement vertueux ? le vertueux est-il toujours bénéfique ? Le vertueux d’aujourd’hui est il le vertueux de demain ? ce qui est vertueux pour moi ne l’est surement pas pour vous.

Tous ces jugements à posteriori sur les décisions prisent, une fois que l’on sait ce qu’il s’est passé, que l’on a eu le temps de se documenter, d’analyser, recouper, font que de moins en moins de gens veulent ou osent s’impliquer dans la vie politique. Et ceux qui s’y impliquent sont pieds et poings liés par le jugement populaire intransigeant d’un coté et par les marchés financiers et les multinationales qui vous nourrissent et vous prennent en otage de l’autre. Depuis peu les réseaux sociaux sont devenus une troisième force. La force du KO au service de la soit-disante« vérité » ou des multinationales mais jamais au service de la raison et du peuple.

Peut on juger d’actions menées avec en trame de fond un autre logiciel que celui qui encadrait cette décision ? Peut-on juger comme une faute, d’avoir fait le choix de favoriser l’économie qui vous nourrie dans une société verticale et capitaliste par ce que vous croyez en une société horizontale avec une autre organisation sociale basée sur d’autres valeurs que le capitalisme ? Soit, votre logiciel est peut être plus noble, bien que je ne sois pas sur qu’une majorité de personnes partage votre point de vue. Mais les actions menés que nous jugeons auront, elles, des répercutions dans un monde verticale et capitaliste et non dans le monde que vous auriez souhaité. Donc c’est sous cet angle là, qu’il faut les analyser. Vous pouvez alors proposer, en expliquant quelle est la toile de fond qui aurait pu les encadrer, les décisions que vous auriez pensé plus sage.

Il est peut être plus honnête de remettre en perspective chaque critique. Quand vous reprochez à l’état d’avoir favorisé l’économie capitaliste, il faut bien préciser aux lecteurs que pour l’instant et malheureusement, c’est la seule organisation sociale en vigueur et qu’elle nous nourrie tous. Que nous sommes tous responsables de la situation, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment, par choix ou par obligation. Nous sommes tous responsables et acteurs de ce système. L’histoire nous jugera tous. Nous pourrions prendre les armes pour faire tomber ce système. Nous pourrions nous en exclure complètement en mettant de coté tout ce que ce système nous propose et en vivant au fond d’une grotte. Il faut être clair, si l’on veut une autre organisation sociale, cela ne passera que par la prise des armes contre ceux qui s’accrocheront à leur système et qui refuserons d’abandonner tous les petits privilèges que leur offre ce monde. Celui qui à un masque aujourd’hui sur le nez l’a forcément obtenu par un petit privilège (l’argent ou une connaissance) au détriment de la communauté, car ce masque aurait été plus utile sur le nez d’une infirmière. Et ce masque, il n’y a que par la force que vous lui enlèverez. Qui décide de ce changement s’il n’y a plus de verticalité. Qui décide de l’usage de cette force pour le bien de la communauté, s’il n’y a plus de verticalité. Je rêve comme vous d’un nouveau monde plus juste. Mais plus juste ne veut pas dire horizontal. Car malheureusement je n’ai pas votre optimisme quand à la condition humaine. Je ne crois pas que nous naissions tous égaux et que nous méritions tous la même chose. Certains naissent meneurs, d’autres suiveurs. Certains décideurs, d’autres administrateurs, d’autres organisateurs, d’autres penseurs, d’autres inventeurs…d’autres rien du tout mais il faudra savoir quand même leur proposer une place digne dans ce monde meilleur.

 De plus aujourd’hui, quelle alternative avons-nous ? Qui est le napoléon des temps modernes capable d’imaginer, d’écrire et de construire une nouvelle société avec son mode d’administration ?

Il faut expliquer clairement les conséquences de nos critiques, de nos actes et de nos informations. En présentant au grand public le traitement du Dr Raoult comme un remède « possible » immédiatement contre le coronavirus. En donnant cette information à des profanes apeurés, nous risquons de faire tomber les protocoles qui sont nos seuls protections contre les multinationales pharmaceutiques et leur marketing qui vous vendrons des poisons avec une belle étiquette « bio ». Bien sur les protocoles ne sont pas parfaits et ils imposent un facteur temps dont plus personne n’accepte la réalité. Plutôt que les mettre en péril au nom de la morale de la transparence totale, de l’information à outrance sans filtre et sans discernement, au nom de la tyrannie de la vérité absolue, je pense au contraire qu’il faut les protéger, les choyer comme une arme précieuse. Il faut les critiquer et les améliorer dans le cadre qui est le leur, et avec des gens en capacité de comprendre les tenants et les aboutissants de chaque décision prise.

La seule vérité est que quelque soit les décisions prisent ou les mots prononcés, les critiques et les conséquences auraient été toutes aussi virulentes. Peut être pas les mêmes, mais d’autres tout aussi catastrophiques. Une chose est sur, nous ne saurons jamais quelles auraient été les conséquences d’autres décisions ou d’autres discours. Je pense que dans le climat social actuel et avec l’état d’esprit actuel des Français, peut importe les gouvernants et les décisions prisent, le chemin emprunté nous aurait mené à la même destination.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.