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Billet de blog 13 juin 2024

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Bientôt le doigt sur l'interrupteur... (poème)

En exergue à ce poème de pas grand-chose (une toute petite flamme dans la nuit...) - ceci, d'un des plus grands poètes du siècle dernier (Pierre Reverdy) : "On ne peut plus dormir tranquille / Une fois qu'on a ouvert les yeux".

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 Bientôt le doigt sur l’interrupteur

 Les réserves de pétrole autant dire nos dernières réserves naturelles

 Le cerveau qui déjà détale comme un lapin sous les coups de fusil d’un savoir qui n’est plus que poudre aux yeux et aux oreilles

 Le cerveau sentira son sang le quitter

 Il se croira tortue de gypse

 Il se sentira sec mais sec à ne pas croire

 Et si seul qu’il enverra à l’ordinateur des lettres d’amour lequel par charité lui répondra je t’aime bien petite éponge crissante

 La nuit le jour dépendront de calculs très compliqués 

 Les uns lanceront une sorte de harpon qui ne sera pas loin de ressembler à un psaume

 Les autres en torturant le poëte, trouveront bien le moyen de lui faire avouer qu’il travaille pour la quadrature du cercle

 Ne vous inquiétez pas

 Il y aura toujours

 Les livres sacrés

 Et les institutions internationales

 Il ne s’agirait pas de revenir au temps des os taillés

 Les grillons feront de leur mieux pour ne pas trop se faire entendre  

 Il faut dire

 Que ce sera jour de mariage

 Et qu’il y aura du monde au balcon

 La cérémonie promet d’être suivie

 aux balcons et ailleurs

 des milliards d’yeux morts

 Milliards de milliards de globules dans le système artériel du spectacle ininterrompu

 Entrez bave dans la gueule du chien

 Faites je vous en prie une petite partie d’osselets avec les os des dévorés

 Là-bas à l’autre bout du paysage

 Le petit vent de printemps s’impatiente sur le dos des palmiers

 Il est charmant

 Il ressemble à son père l’ouragan nucléaire

 Nous approchons du but

 Le groin bouge

 Notre beau groin d’homme sage

 Lavons-nous de nos péchés

 Et d’abord lissons nos lèvres,

 de ce petit doigt délicatement trempé dans l’oubli, comme un boudoir dans le champagne frais

 L’univers est plat sans bord

 Et le soleil un enfant qui fait ses dents

 Il tient le globe terrestre comme son plus bel hochet

 Les cris font parfois de drôles de taches

 Il y a du gaz brûlant partout et ça brûle les langes de l’espace

 Il n’y aura bientôt plus rien à brûler

 Bientôt

 Les gentils conseils de ceux qui te tiennent la tête sous l’eau

 Leur gentil conseil de ne plus boire que de l’eau

 Fichez-nous donc

 La paix perpétuelle

 Nos enfants dorment

 Font-ils des rêves je ne sais pas

 Mais ce que je vois c’est qu’ils ont les poings fermés,

 Et dedans,

 araignée blottie au cœur de la toile de leurs paumes

 une très ancienne lumière.

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