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Billet de blog 7 août 2025

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Djibouti sous Guelleh : Le mirage vendu, la prison dorée

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Djibouti sous Guelleh : Le mirage vendu, la prison dorée

Ce doux fiel doré coulant des presses complaisantes... On croirait une nécrologie commandée par le défunt lui-même ! "Ismaïl Omar Guelleh, architecte de la stabilité" ? Mais allons donc ! Appelons le chat, le chat-zerbine qui se gave dans l'ombre des porte-avions ! Démontons cette fabrique à sainteté géopolitique, brique par brique vermoulue.

"50 ans de stabilité ininterrompue" ? Quelle euphémisation gracieuse ! Parlons plutôt de cinquante hivers d'une hibernation politique forcée, où la seule alternance fut d'oncle à neveu – une monarchie républicaine cousue de fil rouge clanique. La "continuité", ce doux mot pour nécrose démocratique. Les urnes ? Des réceptacles à farce, où le scrutin se mue en rituel d'allégeance. Les opposants ? Pour les plus têtus, il y a la douce intimité des cachots de Gabode ou l'exil, ce long couloir vers l'oubli. Quelle harmonie ! Quel miracle ! La paix des cimetières a toujours été la plus silencieuse.
"Cohabitation pacifique des communautés" ? Vaste blague sociologique ! Sous le vernis folklorique des danses Afar et des chants Issa, cuit la marmite des ressentiments. Le pouvoir, chasse gardée du clan Mamassan (Issa), distribue les miettes avec une parcimonie calculée. Les Afars, réduits au rôle de figurants mécontents ? On les contient par la carotte économique (quand il y en a) et le bâton policier (toujours prêt). La "Constitution respectueuse" ? Un chiffon de papier trempé dans l'hypocrisie, quand la réalité est un apartheid soft, une ségrégation par quotas et portefeuilles. L'unité djiboutienne ? Un mirage vendu aux bailleurs étrangers, aussi réel que la rosée en enfer.

Maître des langues ? Certes ! Il parle couramment le langage du chantage stratégique et du loueur de territoire à l'encan. Son anglais ? Parfait pour négocier le loyer de la base Camp Lemonnier avec les Yankees. Son mandarin ? Idéal pour chuchoter à l'oreille de Beijing les promesses du port de Doraleh. Son français ? Un héritage colonial retapé pour séduire Paris et ses légionnaires. Chaque mot est une monnaie, chaque phrase un contrat de location. L'IGAD ? Un théâtre d'ombres où il joue le régisseur, louant les loges (Djibouti) aux acteurs en guerre (Soudan, Somalie...), tout en facturant l'entracte.
"Terrain neutre pour la paix" ? Neutre comme une pieuvre enlaçant un coffre-fort ! Djibouti est moins un sanctuaire qu'un bordel géopolitique, où puissances rivales viennent assouvir leurs pulsions militaires et logistiques, sous l'œil bienveillant – et grassement payé – du maquereau suprême. Les "pourparlers de paix" ? Une vitrine pour blanchir une réputation, pendant qu'à l'arrière-boutique, on vend des facilités portuaires et des droits de survol.

La Conférence d'Arta (2000) ? Un coup de maître... dans l'art de fabriquer un pantin à Mogadiscio. Un "gouvernement" né sous perfusion djiboutienne, aussi légitime qu'un billet de monopoly, destiné à servir les intérêts de son parrain : contrôle des flux, affaiblissement des rivaux régionaux (l'Éthiopie de Meles, à l'époque), et bonne presse internationale. "Facilitateur de l'unité somalienne" ? Plutôt entrepreneur en chaos contrôlé, pompant la moindre parcelle de stabilité pour la monnayer en crédit diplomatique et en dollars sonnants. La Somalie, son éternel champ de manœuvre, sa vache à lait géopolitique.

Ce savant "équilibre" tant vanté ? Un écran de fumée juridique ! Le Xeer Ciise ? Réservé aux querelles de clocher, soigneusement tenu à l'écart des vrais enjeux de pouvoir. La Charia ? Brandie comme épouvantail identitaire ou pour réprimer les mœurs, jamais pour questionner l'autorité temporelle du Prince. Le droit français ? Une coquille vide, un décor de théâtre où l'Habeas Corpus s'évapore devant un coup de fil de la Sécurité Présidentielle. La Constitution ? Un chiffon que Guelleh torche allègrement à chaque "révision" lui offrant un nouveau mandat. Où est l'État de droit ? En exil, avec les opposants. L'équilibre véritable ? C'est celui de la trique sécuritaire, toujours prête à rétablir "l'ordre" – c'est-à-dire le silence.

"Puissance géostratégique" ? Ne riez pas, cela fait mal. Djibouti est un micro-État prostitué, louant ses entrailles et son littoral au plus offrant : Yankees, Chinois, Japonais, Français... Son seul produit d'exportation ? Sa souveraineté en lambeaux. Ces bases ne sont pas un signe de puissance, mais l'aveu criant d'une vassalisation consentie, d'un pays transformé en porte-avions immobile pour empires étrangers. La "croissance économique" ? Un mirage pour élites corrompues, pendant que 70% des Djiboutiens crèvent de faim et de chômage dans des bidonvilles étouffants. Les "corridors numériques" ? Des tuyaux où transitent les données du monde, pendant que le peuple peine à avoir l'eau courante. Le port de Doraleh ? Un monument à la prédation chinoise et à la spoliation des biens nationaux. Quelle pertinence stratégique ? Celle du moustique qui survit en suçant le sang des éléphants.

Conclusion 

"Modèle de force tranquille" ? Modèle de résignation acquise, de peur savamment distillée, d'intelligence broyée par l'appareil policier. Djibouti ne "rayonne" pas, il absorbe. Il absorbe les dollars des bases, les miettes des investissements prédateurs, les lumières trompeuses des conférences internationales. Ismaïl Omar Guelleh n'est pas un architecte, c'est un gérant de parking géant pour armées étrangères, un gardien de prison à ciel ouvert pour son peuple, un illusionniste qui a réussi le tour de passe-passe ultime : faire passer la survie d'un régime autocratique pour un miracle de gouvernance.

Sa "force tranquille" ? C'est le silence des prisons pleines, le murmure des ventres vides, le ronronnement des climatiseurs dans les QG étrangers. Djibouti, sous IOG, n'est pas un phare. C'est une lanterne sourde allumée sur un champ de ruines contrôlées, pendant que le Vieux, tel un fauve repu, compte son butin dans l'ombre dorée du palais de Heron. La Corne de l'Afrique mérite mieux qu'un tel "modèle". Elle hurle de douleur, étouffée par ce silence assourdissant vendu comme de la stabilité. MQ

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