Si, élu président de notre République,
Tu sais en tous endroits rouler les mécaniques,
Si, rabroué par un citoyen peu civil,
Tu répliques toi-même en termes non moins vils ;
Si, tandis que te parle le chef de l'Église,
Recevant un message, il faut que tu le lises,
Si, rencontrant tes homologues étrangers,
Tu les palpes au point qu'ils en sont dérangés ;
Si l'argent est pour toi gage de réussite,
Étalon mesurant de chacun le mérite,
Su tu sais quémander les voix des ateliers,
Sans oublier de quêter dans les beaux quartiers ;
Si tu tiens avant tout à enrichir les riches,
Quitte envers le smicard à te montrer fort chiche,
Si aux nantis tu donnes la Légion d'honneur,
Et de bonnes paroles aux Restaurants du cœur ;
Si tu promets la République irréprochable,
Tout en voyant dans tes amis les plus capables,
Si tu promets de garantir les libertés,
Mais contrôles médias, juges et députés ;
Si tu sais présenter comme des avancées,
Les reculades que les faits t'ont imposées,
Si pour mieux t'assurer un nouveau quinquennat,
Tu recours sans scrupule aux moyens de l'État ;
Tu seras un homme d'État.