L’épisode du COVID, avec le confinement et le couvre-feu, a autorisé plus d'interventions violentes, et a décuplé le recours aux amendes. A la violence physique s'ajoute une violence économique. Chassés par la police, endettés à cause des amendes, craints par leurs voisins, les jeunes du 12ème sont plus que jamais traités en indésirables.
Aujourd'hui encore, avoir 14 ans dans le quartier Rozanoff du 12ème arrondissement de Paris, c’est sortir chaque jour dans la rue avec la crainte de croiser la police. C’est retrouver ses amis sur un banc et redouter à tout moment une descente de police, les coups et le gaz lacrymo. C’est rentrer chez soi en appréhendant la réaction des parents. C’est découvrir de nouvelles amendes qui ne cessent de majorer et de plomber le futur de ces collégiens et lycéens.
Au fil des années, j’ai vu ces jeunes grandir, j’ai vu apparaître les nouvelles générations, je les ai vus connaître leurs premiers contrôles de police, leurs premières gardes à vue, et j’ai vu comment leurs visages de gamins finissent par se durcir. Nous avons voulu revenir 4 ans après, mus par une responsabilité vis-à-vis de ce quartier, de ces jeunes, de leur réalité que nous avons participé à mettre en lumière, agités par cette question : Que reste-t-il de nos films là où nous avons filmé ?
Aujourd’hui comme à l’époque, nous avons voulu aller contre la résignation de ces jeunes, contre l’accoutumance de leur entourage, contre la banalisation de ce qu’ils subissent, en filmant leur réalité, et en la relayant, à nouveau.