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Billet de blog 11 novembre 2025

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Que signifie manifester toutes les semaines à Perpignan pour soutenir la Palestine ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 13 septembre 2025 s’est déroulée la 102ème manifestation de soutien à la Palestine à 
Perpignan. 


Chaque samedi depuis près de deux ans, à 14h00 place des Victoires au pied du 
Castillet, se regroupent des gens armés de drapeaux, parés de keffiehs, qui arborent les 
couleurs noire, rouge, blanche et verte. 
Pendant une demi-heure, des représentants des associations et des mouvements 
politiques présents prennent la parole.  
Abdel, d’Urgence Palestine, annonce les dernières nouvelles du front, rappelle les 
raisons d’être ici, ensemble. Sonia de l’UJFP- l’Union Juive Française pour la Paix- 
précise que tous les juifs ne sont pas sionistes, et qu’ils soutiennent la lutte 
palestinienne. Geneviève, de la Libre Pensée, apporte le soutien laïque des citoyens à la 
lutte pour la paix des Palestiniens. 
Un militant politique intervient pour montrer que son parti est présent. Un homme ou 
une femme évoque des actions à venir. 
Association France-Palestine, Le NPA- Nouveau Parti Anticapitaliste, , la CNT
Confédération Nationale du Travail, LFI- La France Insoumise…Micro à la main, des 
hommes, des femmes, déclament un discours improvisé ou écrit, un poème lu ou 
appris avec maladresse et émotion, à une foule attentive au son d’une sono qui porte la 
voix d’une lutte menée par un peuple à 2 950km de là. 


Les uns applaudissent, les autres bavardent. Des enfants rient. Les badauds 
s’interrogent sur la présence de ce groupe bigarré, qui encombre la place de ses chants 
et de ses cris, sous un soleil qui cuit la nuque des usagers des bus qui patientent au 
bord de la route. 
Deux peuples s’observent sans se parler. Celui des manifestants et celui des gens dont 
le samedi s’occupe à tourner en rond dans la ville.  
Une voix retentit, claire, forte et lumineuse, Yamina appelle les manifestants à former le 
cortège pour parader dans la ville au son des slogans chantés à deux voix : la première, 
celle d’une femme au regard intense,  dont la parole entraine la seconde à répondre à sa 
question. 
1. - Qu’est-ce qu’on veut ?  
2.  – La Paix !  
1.  - Quand ça ?  
2. « Maintenant ! » 
Les bus patientent face au défilé, les automobilistes rongent leur frein devant le flot de 
manifestants portés par le chant. 
Les uns portent à quatre le drapeau palestinien, les autres dressent haut des pancartes 
aux revendications improvisées. Tous scandent ensemble le message d’un peuple 
bâillonné. 
Le défilé glisse sur le pont Magenta vers le quai Vauban. Il marque une pause devant les 
enseignes complices d’un Etat génocidaire : pour elles, « it’s business as usual », dans le 
sang et dans les larmes, peu importe. 
Yamina désigne, Yamina dénonce, Yamina appelle au boycott. 
1. -  Israël génocidaire  
2. - KFC partenaire !  
Sur les façades commerçantes, résonnent les noms de Starbucks et SFR, face à des 
consommateurs bouche bée, les yeux écarquillés. Le cri des manifestants se perd dans 
le vide de leur conscience, aveuglée par la lumière des publicités. 
Le chant s’éloigne du quai par la rue Pasteur, escorté par les soldats municipaux et 
nationaux aux ordres des vitrines marchandes dont les corps forment un rempart de 
défense face au pacifisme de la manifestation. 
Quand les voix marchent dans les rues du centre-ville de Perpignan, vers la place 
Laborie, les consommateurs muets s’écartent sur leur passage, la tête baissée, la moue 
inquiète d’une ignorance blessée. 
Des sourires sympathisants les accompagnent sous les applaudissements, tandis que 
d’autres visages se ferment, dérangés dans leur déni d’un massacre d’enfants. 
Les chants s’écoulent dans les rues vers la place de la Loge. De la Mairie où se terre un 
maire condamné, aucune voix ne sort pour parler à la foule de concitoyens qui chaque 
samedi appelle les édiles à rejoindre le combat. 
Certes, parfois nous ne sommes que 30, d’autres jours 100 ou 200. Mais chaque 
samedi, au soleil ou sous la pluie, Bernard, Roland, Fatou, Malika, Christine, interrogent 
la ville qui ne répond pas. 


De retour sur la place des Victoires, un rappel du boycott de Carrefour est lancé. Les 
uns repartent déjà. Nous restons là, pour échanger, nous réconforter, et dire que nous 
reviendrons la semaine prochaine. 
Alors que signifie manifester toutes les semaines à Perpignan pour soutenir la 
Palestine ? 
C’est être debout et marcher. Marcher au milieu des cadavres d’enfants assassinés par 
des tueurs sadiques. 
Être debout quand des hommes aboient leurs ordres cyniques à un peuple dressé à 
obéir pour se coucher face aux premières sommations. 
Nous marcherons encore dans les rues de Perpignan pour réveiller le souvenir d’un 
peuple endormi. Nous marcherons encore dans les rues de Perpignan pour porter 
l’espoir d’un peuple décimé par la barbarie.

Illustration 1
Manif Perpi Palestine

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