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Billet de blog 1 novembre 2023

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Entre Israël et Palestine, cessez-le-feu immédiat !

.. Une situation à bien distinguer de celle qui prévaut en Ukraine face à l'agression russe : l'article in extenso de Vincent Présumey pour le site "Arguments Pour la Lutte Sociale" ci-dessous.

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Du cessez-le-feu comme mot d'ordre

Date: 31 octobre 2023Author: aplutsoc21 Commentaire


L’appel au cessez-le-feu, dans le cas de l’Ukraine, ne conduit pas à la paix mais en entérinant l’occupation de territoires, il conduit à garantir les déportations de population, viols, massacres, dans ces territoires ukrainiens occupés. La voie vers la paix passe par la défaite militaire de Poutine en Ukraine, aidant du même coup tout ce qui veut la démocratie en Russie.

L’appel au cessez-le-feu, dans le cas de Gaza, conduit effectivement à l’arrêt du massacre, de l’écrasement, de l’étouffement, de la population palestinienne de Gaza (et des non palestiniens, humanitaires, etc., qui se trouvent avec elle). Il serait une étape vers la paix véritable qui passe par la prise en compte des revendications nationales palestiniennes et de l’existence de deux nations.

Les deux configurations sont symétriquement inverses eu égard à la question du cessez-le-feu. La puissance dominante exerçant une oppression nationale, serait avantagée par un cessez-le-feu dans le cas de la Russie, et n’en veut pas dans le cas d’Israël.

L’argumentation pro-israélienne contre un cessez-le-feu à Gaza, ceci dit, est souvent sincère et peut se résumer en trois points tenus pour inséparables : « le Hamas a commis des crimes contre l’humanité le 7 octobre et un cessez-le-feu fera le jeu du Hamas et puis n’oubliez pas les otages ».

Les crimes du 7 octobre doivent en effet être caractérisés pour ce qu’ils sont : des pogroms, qui ont émis le signal mondial du risque génocidaire visant les juifs, confirmé depuis dimanche, et ce n’est pas un hasard, en territoires nord-caucasiens sous domination russe, à Naltchik et à Makhatchkala. Ces pogroms n’ont en tant que tels rien à voir avec la cause palestinienne, cause nationale et démocratique totalement contredite par l’idéologie et par la charte du Hamas, et ils desservent cette cause de la pire manière possible.

Mais justement : celles et ceux qui, lorsqu’ils le disent sincèrement, ne veulent pas ou hésitent, malgré leur sentiment humanitaire, devant l’exigence d’un cessez-le-feu à Gaza, parce que cela ferait le jeu du Hamas, feraient bien de s’interroger sur une chose : le Hamas est d’accord avec eux, il ne veut pas de cessez-le-feu, ce qu’il a voulu et ce qu’il a provoqué c’est ce que l’armée israélienne est en train de faire !!!

Pourquoi ? Parce que la guerre du Hamas n’est pas la guerre nationale palestinienne de libération. Elle est une “proxy war”, une guerre par procuration, au compte de l’Iran et au compte de la Russie. De plus, il est évident et leurs familles le disent, le crient, que l’offensive militaire israélienne ne tient pas compte de la vie des otages.

Alors que précisément la guerre de l’Ukraine, elle, quels que soient les critiques ou points à discuter quant à la politique de son gouvernement (mais qui n’a rien à voir avec un quelconque Hamas et n’a commis à cette heure ni crimes de guerre ni crimes contre l’humanité, à la différence de la Russie), n ‘est pas une “proxy war”, mais bien une guerre nationale de libération.

Contre le Hamas, la vraie stratégie déjouant sa politique serait celle du cessez-le-feu, de l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie et de la reconnaissance immédiate des droits nationaux palestiniens et donc du droit palestinien à un Etat.

S’il y avait une force politique palestinienne indépendante et du Hamas et de l' »Autorité » palestinienne, elle combattrait pour cela afin de remettre au centre le combat palestinien de libération à la place de la “proxy war” du Hamas qui lui a été substitué.

C’est aussi pour cela que l’exigence de cessez-le-feu à Gaza, en s’opposant de front à la stratégie du Hamas et à la tactique (car de stratégie, lui, il n’en a pas) de Netanyahou, est la voie vers la paix.

L’internationalisme véritable, luttant contre le spectre de la guerre mondiale, peut donc associer ces deux mots d’ordre comme base d’une perspective de lutte pour la paix et pour l’émancipation :

  • pour la défaite militaire russe en Ukraine et la chute du régime de Poutine,
  • pour le cessez-le-feu et l’arrêt immédiat du massacre à Gaza, et la reconnaissance des droits de toutes les nations du Proche-Orient.

VP, le 31/10/2023.

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