Publié hier sur Facebook par A.M. et re-publié ici avec son accord :
A. M.
D'un "génocide" à l'autre
A lire ce que je lis, fils de discussion ou commentaires d'articles de journaux portant sur le conflit en cours à Gaza, se dessine très clairement, sous l'accusation de "génocide" (dorénavant élément de langage non discutable) adressée à Israël/au "sionisme", accusation corrélée aux impératifs "colonialisme" et "apartheid" et accompagnée souvent de considérations inspirées des théories raciales de S. Sand (les Juifs n’étant "génétiquement" ni des « Sémites, ni d’ailleurs des Juifs - au contraire évidemment des Palestiniens - ils n’auraient aucun « droit naturel » à vivre en terre de Palestine), le fantasme, parfois exprimé, de rayer de l’histoire, autrement dit de "génocider" la nation juive israélienne, nation dont il est pourtant difficile de nier l’existence, l’importance numérique ainsi que les capacités à se défendre, y compris de manière désespérément destructrice. Les arguties sur la différence fondamentale entre antisionisme et antisémitisme s’évanouissent ici d’elles-mêmes face aux conséquences du projet antisioniste dominant. Etant donné, d’autre part, que a) la totalité, à quelques exceptions près, des Juifs et Juives soutiennent l’existence de cette nation et, en tout cas, ne la remettent pas en question- ce qui fait d’eux, quelles que pourraient être les nuances, très variées, de leur soutien - des « sionistes » et des « colonialistes » par apparentement et que b) la qualification de génocide libère de toute entrave psycho-historique à l’antisémitisme, ce qui constitue d’ailleurs sa fonction première, il faut au moins constater que le moment est difficile à vivre. Ajoutons que cet échafaudage est d’autant plus antisémite qu’il ne tient que parce des organisations et des individus nominalement juifs et juives lui apportent une caution ethnique répétée (le procédé est en lui-même antisémite), sont constamment convoqués dans cette fonction et sont les seuls à être pris en compte, à l’exclusion des autres secteurs de la communauté juive, critiques de la conduite israélienne de la guerre en cours (dorénavant stigmatisés et donc rejetés en tant que "sionistes de gauche"). Leur identité minoritaire est paradoxalement activée pour nier le racisme enduré par la minorité juive, caricaturalement réduit à une « instrumentalisation de l’antisémitisme », cette nouvelle invention du diable sioniste, après celle du « peuple juif » lui-même.
Fin de copie. (*N.B. Le titre du billet ici est de notre fait.)