Sonnet * pour se guérir du temps qui ne passe pas
Nous sommes des terrestres au milieu des terrestres.
Bruno Latour (Où atterrir ?)
Enfin la mort nous parle, enfin nous l’écoutons,
Enfin elle n’est plus ce vaguement peut-être.
Un soleil d’outre-tombe explose à la fenêtre
De notre quotidien parcouru à-tâtons.
Y verrons-nous plus clair dans la vie suspendue,
Puisque la nuit n’est plus ce pesant édredon
Moelleux, inconfortable, étouffante prison
Des rêves sans mémoire et des désirs perdus ?
Nous rêvions notre vie, nous vivons mille morts.
Et si venait le temps d’ouvrir les yeux, dès lors
Que nous réintégrons le vivant oublié ?
Voici venu le temps de partager le sort
De tout ce qui palpite et respire - et consort.
C’est temps d’y déployer nos paroles pliées.
* Un sonnet de nos jours ? C'est que seule la rigueur de la forme peut parfois se révéler apte à donner sens à la confusion des sentiments et des pensées qui nous assaillent. Un peu à la manière des canaux qui, maitrisant les flux anarchiques, irriguent des terres possibles. Ma manière à moi, sans doute, de tenter d'atterrir...