Fécamp, 5/6 mars 2022
Dire la fin, sans fin
Debout au bord d'un précipice / Courbé par la tristesse / Soudain je réalise / Le monde entier n'est qu'un poème / En langue ukrainienne.
Leonid Kisselev [1]
Et nous voici sans voix
Confinés au bunker du silence
Pourtant faut bien qu’il en reste une
pour dire les lumières qui s’éteignent
les radios qui se taisent
les lits qui refroidissent
les frigos qui pourrissent
les autos ridicules
les passants invisibles
les animaux déboussolés
une voix pour chanter la sobriété
fut-elle à ce point malheureuse
Il faut bien qu’il y ait une voix
la mienne ou bien la tienne
assez tenace pour tenir tête
au premier atome venu
comme un nuage en embuscade
au coin des nues/des rues désertes
[1] Poète ukrainien « Un Rimbaud kiévien, mort à l’âge de 22 ans, dans les années 1960 », cité par Andreï Dmitriev dans Le Monde du vendredi 4 mars 2022.