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Billet de blog 12 octobre 2024

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De guerreS lasse

De guerres lasse Un an déjà. Un an de trop. Voilà un an ces trois poèmes surgis comme des blessures de la parole. Depuis, chaque jour, ces trois poèmes, sans fin, s’écrivent. Depuis, aucun poème ne peut venir : à quoi servirait de se répéter quand chaque jour le même pire se produit ?

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Parler quand même

 
Comment se taire
face au vacarme de la mort
Comment parler
quand chaque mot
cache  un massacre
 
Sur la brutalité des eaux
prolifèrent les naufrages
Dans les ténèbres de la jungle
l’absence d’horizon nourrit d’anciennes sauvageries
Les monstres des contes antiques ont appris
à manier le feu des armes et des mots
 
Quand la mort est dans l’idée
comme le ver est dans le fruit
l’idée - comme le fruit - pourrit
quand le ver – lui - survit
 
Jamais le sang ne nettoiera le sang
ni les larmes n’assècheront les larmes
 
Fécamp, 10 octobre 2023

*

Tuez-les tous
 

Tuez-les tous
Dieu reconnaitra les siens (*)
proclamait un grand humaniste 
comme les peuples parfois les aiment
 
Et si jamais
(simple hypothèse)
Dieu n’existait pas 
qui les reconnaitra ?
 
Tuez-les tous et laissez-nous vomir 
chaque nuit les effets  
dans l’ignorance des causes
 
Tuez-les tous
Et si jamais Dieu existait
(simple hypothèse)
ça ne changerait rien
au cycle des putréfactions

 
Fécamp, 18 octobre 2023
 
(*)Phrase attribuée à Arnaud Amaury, abbé de Cîteaux et prélat du Pape, lors du siège de Bézier contre les Albigeois, le 22 juillet 1209.


*


Atterré
 

La mer rouge de la foule s’ouvre et s’écarte.
Il erre parmi les ruines cherchant les siens.
Quand il les trouve, il s’agenouille, il ne dit rien.
Les corps hurlent pour lui sous le dais des pancartes.
 
On crache sur la terre, on viole les maisons.
L’un tue depuis le ciel, l’autre avec ses deux mains.
Qui a tué hier sera tué demain.
Chacun a ses raisons d’étrangler la raison.
 
Des mains désespérées fouillent dans la poussière.
Chacun creuse sa terre et, cherchant ses racines,
Croyant trouver de l’or, tombe sur une mine.
La terre n’appartient qu’à celui qu’on enterre.
 
Dans le regard brûlé il n’y a plus de larmes.
Quand la gorge est tranchée il n’y a plus de mots.
Pour qui sonne l’alarme il n’est jamais trop tôt.
Il est toujours trop tard pour arrêter les armes.
 
Fécamp-Marseille, 8-10 novembre/2023

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