L’histoire du XVe siècle se souvient de Vlad III Basarab, surnommé Vlad Drăculea, le Fils du Dragon, ou encore Vlad Țepeș, l’Empaleur.
Vlad III mourut assassiné.
L’histoire moderne connaît Vlad de Put, qui règne sur les Skoffs et combat les Kraïniens.
Ce Vlad mourra d’un mauvais rêve.
Car la guerre contre les Kraïniens s’éternisait.
Alors qu’il avait pensé le mettre à genoux en quelques semaines, ce peuple maudit résitait encore.
Vlad lui avait pris des territoires, lui avait volé des enfants, avait violé ses femmes et torturé ses soldats, il avait bombardé ses villes, ses hôpitaux, ses écoles, détruit ses barrages et inondé ses campagnes, îl avait détuit ses champs, semé des mines, creusé des tranchées.
Pourtant, les Kraïniens résistaient encore et Vlad perdait patience.
Officiellement, il était toujours optimiste et sûr de lui. Les Skoffs ne feraient aucune concession, leurs armes étaient puissantes et ils finiraient par l’emporter.
Mais au dedans de lui, Vlad était inquiet, de mauvais rêves s’emparaient de lui.
Il marchait sur une longue plage de Belgique ou de Hollande et il entendit distinctement qu’on lui parlait flamant. Il n’avait bien sûr jamais entendu cette langue, mais il sut immédiatement que c’était du flamant.
Il sortit alors de sa poche un sachet de gros bonbons roses, il en mit un dans sa bouche mais à mesure qu’il le suçait, le bonbon rose grossissait et finissait par l’étouffer.
Vlad se réveilla en hurlant, haletant et suant dans les draps roses de sa chambre kitch, il n’y comprenait rien. Qu’était-il allé faire en Belgique ou en Hollande, que pouvaient signifier ces bonbons roses qui l’étouffaient ?
Un autre fois, il était dans une roseraie, les buissons déclinaient toutes les nuances de rose, du plus foncé au plus clair.
Soudain, un grand feu envahit le jardin et Vlad entendit un seul mot qui résonnait à ses tempes : FLAMME, FLAMME, FLAMME !
Il n’y comprenait toujours rien, que pouvaient signifier ces flammes dans une roseraie ?
Il rêva aussi de grands oiseaux, de grues et de cygnes, d’oies et d’aigrettes.
Il les voyait prendre leur envol quand il s’approchait, il entendait le battement de leurs ailes et voyait les corps fuselés s’enfuir vers le couchant rougeoyant.
Il convoqua son médecin-mage et lui ordonna de lui expliquer la signification de ces mauvais rêves qui troublaient son repos.
Le médecin-mage sonda les entrailles de plusieurs prisonniers kraïniens et ce qu’il vit l’effraya à tel point qu’il en tomba raide mort.
Vlad perdit tout à fait le sommeil.
À chaque fois qu’il fermait les yeux, les mêmes motifs venaient le hanter : des bonbons roses qui parlent flamant et grossissent dans sa gorge, des roses en flammes, des oiseaux aux longues pattes et aux longs cous qui volent vers le rose du couchant.
Un matin, alors qu’il n’avait toujours pas dormi, il lut la note rédigée par un de ses conseillers en affaires militaires : les Kraïniens avaient développé un nouveau missile qui pouvait emmener une charge explosive d’une tonne à 3000 km, ce missile s’appelait Flamingo !
Tout s’éclaircit soudain et Vlad fut saisi d’une grande angoisse.
Au même moment, une alarme retentit, ses proches conseillers, ses généraux les plus intimes arrivèrent en criant :
- Des nuées des Flamingos !
- Nous sommes perdus !
Sur l’immense carte murale, Vlad vit s’allumer tous les points d’impact, sur les postes de commandement du front, sur les stocks de vivres et de carburant, sur les ponts, les voies ferrées, les autoroutes, les carrefours logistiques, sur les raffineries et les usines, sur les entrepôts militaires et les aérodromes !
C’était la fin, c’était le vol des flamants roses, c’étaient les Flamingos de ses rêves prémonitoires !
Maudits Kraïniens !
Vlad courut alors dans son bunker personnel et en verrouilla les énormes portes blindées.
Il saisit son vieux pistolet Makarov qu’il avait chargé de balles 9 mm Parabellum et le pointa sur sa tempe.
Il pensa que le monde perdait un grand homme et appuya sur la détente.
C’est ainsi que mourut Vlad de Put dans un envol de flamants roses.