J'ai trouvé de bonnes raisons pour ne pas voter Macron. Je souhaite les partager et peut-être vous en inspirer d'autres.
- Macron devait être un barrage contre l'extrême-droite, cela n'a pas marché.
Au second tour de 2017, nous avons été nombreux.ses à voter Macron pour faire un barrage contre l'extrême-droite. Or, en 2022, nous avons deux candidats de cette mouvance, tournant autour de 30%. L'extrême-droite est un thermomètre de l'état de santé des français. Quand une part importante de nos concitoyen.ne.s se sent menacée, déclassée, non-entendue, elle se réfugie dans le vote d'extrême-droite, même si elle ne souhaite pas une victoire de ce camp. Pendant son quinquennat, Macron n'a rien fait pour rassurer cette part de nos concitoyen.ne.s ; celle-ci s'est même agrandie.
- Darmanin ministre de l'intérieur
Darmanin ministre rejoint la première raison : c'est une preuve supplémentaire que Macron ne combat pas l'extrême-droite. Darmanin a écrit dans une revue proche de l'Action française, "La Restauration nationale", trouve Marine Le Pen trop molle sur les questions migratoires, a participé aux "Manifs pour tous". C'est un peu faible comme barrage contre l'extrême-droite. Enfin, sa nomination en tant que ministre est un affront aux femmes, et il aurait mieux valu que Macron et lui aient un échange entre un président et un futur ministre plutôt qu'un échange "entre hommes".
- Macron ne nous protège pas
Dans un de ses premiers discours après le déclenchement de la guerre en Ukraine, Macron affirme qu'il n'aura qu'une seule boussole, nous protéger (discours du 2 mars, autour de la 14e minute). Est-ce nous protéger que de n'avoir rien fait pour l'hôpital, malgré une pandémie sévère ? Est-ce nous protéger que de n'avoir jamais mis en cause une violence policière alors qu'elles furent si nombreuses pendant son quinquennat ? Est-ce nous protéger de vouloir nous faire travailler jusqu'à 65 ans ?
Macron joue sur la guerre en Ukraine, mais il n'est pas un chef de guerre, car nous ne sommes pas en guerre. C'est l'Ukraine qui est en guerre, qui subit les bombes, l'attaque de chars et qui compte de nombreuses victimes. Macron avait déjà fait le coup avec le Covid 19, en nous parlant de guerre. Mais comme le disait un médecin, "nous sommes face à une pandémie et c'est déjà suffisant".
Macron utilise le terme de "guerre" pour se rendre plus protecteur, plus indispensable, mais ce n'est qu'une opération de communication. Son bilan de la pandémie, d'ailleurs, n'est pas bon. Du 24 octobre 2020 au 4 juin 2021, soit pendant plus de 7 mois, nous avons eu plus de 50% des places en réanimation occupées par des patients atteints du Covid 19. 7 mois, c'est très long, et je crois que c'est unique en Europe. Plus de 50% des soins en réanimation occupés par le Covid, cela signifie un hôpital saturé, des reports de soins liés à des maladies chroniques. Nous n'en avons pas encore vu les conséquences. Si l'hôpital est resté saturé aussi longtemps, c'est parce que Macron n'a pas voulu d'un confinement sévère mais que nous sommes restés dans un très long état intermédiaire d'alternance de semi-confinement (le travail avant tout !), d'essais de couvre-feux.
- Macron n'a aucune imagination politique
Macron n'a rien d'un révolutionnaire, ni d'un "disruptif". Non, il perpétue le régime paternaliste de la Ve république. Nous ne pouvons pas espérer de sa part un changement dans la représentativité de notre régime. Il fait partie de cette élite convaincue qu'elle est plus intelligente, plus instruite et donc plus apte à prendre les bonnes décisions. Avez-vous trouvé normal, pendant la pandémie, d'apprendre certains mercredis soir à quelle sauce nous allions être mangé.e.s ? La décision de confiner ou non, d'établir un couvre-feux, de rendre les masques obligatoires ne dépendait que d'un homme, dont nous attendions le discours. Comme si Macron, génie auto-proclamé, savait mieux que tout le monde ce qu'il fallait faire. Donc Macron dirige, avec un peu l'aide du gouvernement, et le peuple obéit au grand maître.
La convention citoyenne sur le climat était une bonne idée. Mais elle n'était qu'une opération de communication. Le grand débat était une mascarade. On a vu Macron, en bras de chemise, avoir réponse à tout, être le grand "manie tout". Là aussi, ce fut une belle opération de communication, mais qui n'a pas pris. Macron se pense omniscient, car il a été élevé avec cette idée. Mais nous refusons maintenant que des génies puissent avoir réponse à tout. Jamais les Français n'ont été aussi éduqués. Il est temps de quitter ce régime présidentiel, qui est un état d'enfance de la démocratie, et penser à un régime adulte. Il faut débattre pour trouver un régime plus démocratique : assemblées tirées au sort, pouvoirs locaux renforcés, répartition différente entre temps de travail et temps d'implication dans l'étude et l'écriture des lois par les citoyen.ne.s ? Ce n'est pas à quelques hommes et femmes, du gouvernement ou parlementaires, à décider de ces changements mais à tou.te.s les citoyen.ne.s.
Avec Macron, ces débats n'auront jamais lieu, parce que cela signifierait qu'un président ne serait plus indispensable.
- Macron n'a aucune imagination économique
Cinq années avec Macron seront cinq années de néo-libéralisme sans remise en question de ce modèle économique. Les inégalités entre riches et pauvres vont s'aggraver, les chômeurs seront encore considérés comme responsables de leur situation et les minima sociaux vont continuer à être distribués sous conditions. On va continuer à penser en PIB, dette, productivité, flexibilité. Macron mène une politique économique unique, comme si c'était la seule possible alors que c'est une économie idéologique.
Bruno Le Maire est le modèle du ministre de l'économie dit brillant mais en fait sans imagination, sans surprises et bien policé. Je rappelle tout de même que pendant la primaire de droite de 2017, il proposait des contrats à 5 euros de l'heure et qu'il a fini à moins de 3% des suffrages exprimés. Son programme était donc rejeté par une nette majorité de droite (et sans doute un majorité encore plus grande de la gauche). Pourtant cet homme se retrouve à la tête du ministère qui mène la politique économique. J'en conclus qu'être ni de droite ni de gauche consiste à recruter les mauvais de chaque camp. On a eu François de Rugy, aussi, au gouvernement : 3,88% des votants à la primaire de gauche...
Le Covid nous a donné l'opportunité de changer notre monde économique. Au mois de mars 2020, plus de la moitié de la planète était confinée. On aurait pu alors oublier le PIB, la concurrence et prendre le temps de réfléchir à une autre vision, à d'autres critères : le développement durable, la joie de vivre, les systèmes de santé, de retraite, d'accompagnement de la vieillesse...
Macron a inventé le "quoi qu'il en coûte" pour justement éviter de penser à une autre voie. On s'est inquiété tout de suite de la chute du PIB, et notre bon ministre Bruno Le Maire se réjouit de voir que nous avons presque rattrapé notre PIB de 2019. Moi, je vois une occasion perdue, même si je ne souhaite aucune pandémie à aucun pays. Mais le Covid nous était tombé dessus et nous avions l'occasion de nous préparer à une transition écologique.
- Macron nous ment
Macron nous ment en permanence, même s'il n'est pas le seul. Les libéraux affirment toujours qu'il n'y a pas d'argent, que nous devons faire des efforts. Mais lorsqu'une crise survient, l'argent apparaît comme par magie : crise des banques en 2008, le Covid en 2020. Donc, là aussi, il s'agit de vision idéologique. Notre pays n'a jamais été aussi riche et l'argent est là. Les gouvernants décident juste de comment l'utiliser.
Macron nous a aussi longtemps dit qu'il ne pouvait pas accueillir de nombreux migrants. Puis la guerre en Ukraine est intervenue, et ça y est, la France a de la place, la France est humaine, la France peut tendre ses bras, rendre ses transports gratuits, donner du travail à un nouvel.le arrivant.e. Les réponses proposées aux réfugié.e.s ukrainien.ne.s sont les bonnes, là n'est pas la question. Le problème est plutôt qu'au nom du pragmatisme, la France et l'Europe ont été inhumains, indignes face à des migrant.e.s jusqu'à ce que ceux-ci, celles-ci se retrouvent européen.ne.s. On voit que l'accueil des étrangers, qu'ils soient migrants, demandeurs d'asile, réfugiés politiques ou économiques, est encore une histoire d'idéologie. Un bon accueil est toujours possible.
- Macron est médiocre
Macron n'est finalement qu'un avatar d'un président typique de la Ve république : il faut le job pendant cinq ans, sans rien vraiment apporter de nouveau. Il veut réformer en profondeur le pays, mais comme la vision reste la même, les réformes sont des réformettes : le PIB continue de monter, à plus ou moins grande vitesse ; le chômage fluctue selon la conjoncture, l'âge de la retraite est sujet de controverses et les licenciements sont favorisés. Mais les grandes questions ne sont pas abordées :
- Quelles relations doit-on avoir avec le travail, le temps libre ? Comment doit se répartir le travail dans une vie active ? Doit-on travailler pendant toute la durée de sa vie active ? Est-ce qu'une vie active ne doit pas comporter du temps d'éducation, de temps lié à la vie citoyenne : s'informer, écrire, discuter des lois ?
- Comment avoir un vrai système démocratique ? Est-ce qu'être homme ou femme politique doit être un métier, ou une occupation limitée dans la durée ?
- Comment vaincre la pauvreté ? Doit-on instaurer un revenu minimum pour donner une chance à tout le monde, pour éviter le travail subi ? Ce revenu minimum peut être tester quelques années.
- Il faut cesser de parler du travail comme si tous les travaux étaient équivalents. Dans certains cas, le travail tue, blesse, détruit. Dans d'autres cas, il épanouit, en effet. Il n'y a pas de meilleur travail qu'un travail choisi.
- Comment former une police qui soit efficace et respectueuse ?
- Quelle éducation souhaite-t-on développer et dans quel monde envisageons-nous nos enfants ?
- Comment continuer à vivre dans une planète aux ressources limitées ?
- Que doit-on faire pour qu'il n'y ait plus des heures d'attentes aux urgences des hôpitaux publiques ?
- Comment améliorer la situation des personnes âgées, qui deviennent de plus en plus nombreuses ?
- ....?
Dans le programme de Macron, dans ses discours, je n'ai pas vu d'éléments de réponse à ces questions. Macron ne parle même pas de ces problématiques, parce qu'elles ne le concernent pas. Il ne remet pas en doute son pouvoir, ni sa supposée supériorité intellectuelle, ni sa capacité à décider de tout. Il parle en notre nom, sans nous connaître, sans s'intéresser à nos vies. Pour cette raison, il ne mérite pas d'être élu de nouveau.