Le libéralisme, comme système et idéologie économique, est, me semble-t-il fondé, sur deux grands piliers :
1) L'échange, lorsqu'il est libre, est producteur de richesses.
2) le marché (c.-à-d. le lieu des échanges) est naturellement capable de s'autoréguler.
La conclusion logique de ces deux principes est que si rien ne vient contraindre les échanges, alors, sans cesse, de nouvelles richesses seront produites, lesquelles entraineront de nouveaux échanges etc..
Les libéraux sont donc cohérents avec eux mêmes lorsqu'ils pensent qu'une éternelle croissance est possible du moment que la liberté des échanges est assurée.
On peut toujours faire de très belles théories. Il est très difficile de prouver avoir raison, même en se fondant sur les faits. En revanche, il suffit d'un seul fait contraire pour réussir à la réfuter de manière définitive.
Si la crise actuelle a eu un avantage, c'est celui de nous démontrer, de manière nette, que le marché ne se régulait pas lui-même. Ou bien qu'il se "régule" (mais le mot touche alors à l'euphémisme), comme le climat le fait de temps en temps avec une tempête ou un cyclone. Ce qui n'est certes pas quelque chose dont il faut se satisfaire, car ce n'est malheureusement pas ceux qui ont pu profiter du beau temps qui essuient de plein fouet la tempête. Tous sont donc unanimes : il faut moraliser le capitalisme! Il faut réguler!
L'ennui, c'est que réguler ne suffira pas à moraliser. Pourquoi? Parce que le premier principe du libéralisme est aussi faux que le premier, et qu'il porte en lui l'immoralité du système, alors même que les libéraux l'ont toujours présenté comme la preuve que leur système est moral.
Il faut rappeler cela, parce qu'ils nous font croire le contraire aujourd'hui : les libéraux ont toujours prétendu que leur système était juste et moral, que c'était, selon la célèbre formule, "gagnant - gagnant" pour tout le monde. Aussi sommes-nous en droit de nous étonner lorsque les mêmes viennent nous expliquer, un peu agacés d'avoir à rappeler une évidence, que le libéralisme, la mondialisation ou le capitalisme ne se sont jamais occupés de moralité.
Mais tout cela demandera quelques explications, qui trouveront mieux leur place dans un prochain billet!