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Billet de blog 13 septembre 2009

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Rhapsodie (1) : Les portes de l'enfer

Il y a longtemps déjà, j'eus la chance de découvrir un très ancien ouvrage. Pour être honnête, je serais bien en peine d'indiquer à quelle époque il parut. Le fait est qu'il tombait littéralement en poussière : sa reliure était décousue, et ses pages, parcheminées et empreintes d'une humidité persistante, se décomposaient. En temps normal, je n'y aurais pas accordé la moindre attention. Mais, de la couverture arrachée, on pouvait lire une large partie d'un feuillet, qui contenait des vers. Et c'est eux qui, étrangement, m'attirèrent.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a longtemps déjà, j'eus la chance de découvrir un très ancien ouvrage. Pour être honnête, je serais bien en peine d'indiquer à quelle époque il parut. Le fait est qu'il tombait littéralement en poussière : sa reliure était décousue, et ses pages, parcheminées et empreintes d'une humidité persistante, se décomposaient.

En temps normal, je n'y aurais pas accordé la moindre attention. Mais, de la couverture arrachée, on pouvait lire une large partie d'un feuillet, qui contenait des vers. Et c'est eux qui, étrangement, m'attirèrent.

Il faut dire tout de suite qu'après examen ces pages ne m'ont pas semblé correctement ordonnées, de sorte qu'il y avait là un mystère supplémentaire.

En outre, le livre, qui n'était pas fort épais, ne présentait pas de traces d'imprimerie. L'ensemble était rédigé, visiblement à la main, dans une fort belle calligraphie, qui s'approchait du gothique.

Je me suis pris alors au jeu de la reconstitution : délicatement, j'ai pu isoler certaines parties encore lisibles.

L'ensemble devait être une sorte de pièce, ou de mythe, poétique, sur le thème, bien connu, du vampirisme et de Dracula. Il y avait malgré tout d'importantes différences – si du moins mes efforts de lecture ne m'ont pas trompé.

Sur la première page, qui attira tant mon attention, on pouvait encore deviner, en haut, la citation suivante, tiré du chant III de l'Enfer de Dante :

Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate.

Suivait un morceau, composé comme une variation sur ce sujet, et intitulé : « Les Portes de l'Enfer ».

Pensant que cela pourrait vous plaire, ou vous intéresser, je vous en propose ici la retranscription.

Les Portes de l'Enfer

Quittez toute espérance, au delà de ce seuil

La mort est sans repos, et sans fin la tristesse

Ce Royaume est celui de la peur et du deuil

Nous serons sans pitié devant votre faiblesse

Craignez, pauvres mortels, d'être arrivés si loin

Le sang seul en ce lieu peut encore vous sauver

Fuyez sans un regard pour vos hideux défunts

Ils sombreront bientôt dans l'histoire, oubliés

Et vous, âmes trainées en cet endroit maudit

Exsangues et meurtries, savourez cet instant

Les plaisirs désormais vous seront interdits

Vos chairs seront brisées jusqu'à la fin des temps.

N'espérez ni répit ni pitié ni salut

La main du Diable ignore toute miséricorde

En ses griffes tout homme aussi puissant qu'il fût

Ne peut que se soumettre aux tourments de ses hordes.

(à suivre)

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